Camino mozarabe (0) de Lyon à Alméria (via
Valencia et Murcia)
- 20 Mai 2019
Voyage de Grenoble à Murcia, en
passant par Lyon St Exupéry et Valencia.
- 🛫 Dans l'avion, un petit
Boeing 717 de Volotea, je n'ai rien vu
(j'étais au fond, loin des hublots, juste à
côté des réacteurs) : pas cher, mais le
strict minimum.
- De
Valencia, je n'ai rien vu non plus, sinon la
très belle gare.
- Le train de Valencia à Murcia
est interminable. Mais on traverse de jolis
paysages et ça tchatche tout le temps
(surtout les femmes), et pas très
discrètement !
-
Murcia : petite ville sympa où les passants
marchent moins vite qu'à Grenoble, avec de
belles rues piétonnes, mais peu de passages
piétons !... et pas de femmes voilées et peu
de vélos.
- Je
dors à l'auberge jeunesse. Serré dans un
petit dortoir. Le soir, un jeune musulman
asiatique étale son tapis entre deux lits, à
côté de moi, et "fait" sa prière, tout fort.
Difficile de bouquiner.
➡ Et ce mardi (21), je
poursuis jusqu'à Almeria.
Camino mozarabe (1) :
Almeria (21
Mai 2019)
Il reste un bout entre Murcia
et Almeria. La compagnie ALSA m'y emmène
pour quelques euros. Je préfère l'autobus
au train.🚌
Toutefois, la dame espagnole
assise à côté a téléphoné durant 1 heure
et demi !
➡ Nous traversons de
magnifiques paysages... jusqu'à une
cinquantaine de km avant Almeria : là, ce
sont de vastes espaces couverts de serres
à l'infini. On dirait une mer blanche
-fruits et légumes pour toute l'Europe-.
➡ J'arrive à Almeria vers
13h30, et suis accueilli par Ruben, dans
une "guesthouse" du vieil Almeria. Petite
chambre à 2 lits, tout pour boire et
manger.
...
et surtout, une terrasse extra qui domine
tout le quartier, qu'on croirait extrait
d'une ville marocaine (sans minarets). Il
y a une superbe vue sur l'Alcazar, la
forteresse qui domine la cité.
-
La sieste s'impose sur cette terrasse :
c'est un vrai paradîîîîiiiiiiiiiis !
➡ Mais la cerise sur le
gâteau, c'est Nely, de l'association des
amis du Mozarabe. Accueil très affectueux,
joyeux et en même temps longuement
explicatif ; un tour à la citadelle, en
ville et un partage autour de tapas et
boissons dans un resto.
-
Petit souci : mon espagnol est très
balbutiant, mais Nely se fait assez
facilement comprendre...
- Il ne fait pas trop chaud.
C'est prometteur pour la marche. Il manque
juste un piano pour jouer quelques
extraits d'Iberia, d'Albeniz... 🎹
La
Cathédrale.
l'Alcazar, au soir couchant
Camino mozarabe (2) :
Almeria-Rioja (22
Mai 2019)
Ce matin, je pars un peu après
7h.
➡
La nouveauté, c'est que, suite aux
conseils de Philippe, président d'ADEPA
(l'association des amputés), je ne marche
plus avec des béquilles, mais avec des
bâtons de marche.
-
Avantages : plus léger et mieux adapté à
une marche naturelle.
-
Inconvénients : dans l'avion, ai dû payer
un supplément.
➡
Personne dans les rues. Les balises du
Camino sont faciles. Merci à
l'Association.
➡ Vers la sortie de la ville,
grosse surprise : Nely me rejoint. Elle a
calculé l'endroit où j'étais. Elle a
oublié de signer la crédentiale et me
donne des dernières recommandations. Et je
repars, le cœur joyeux.
➡ Quitter Almeria est long.
Mais bientôt, le chemin descend dans le
lit d'une rivière asséchée sur lequel je
vais cheminer durant plusieurs kilomètres.
-
Il y a juste un détour vers le village de
Pechina. Le temps d'une pause
➡ Vers 11h, le Soleil
commence à taper. Je marche dans la
poussière de la rivière asséchée, sans un
poil d'ombre. Heureusement, il y a un
petit vent frais.
➡ Rioja, vers 13h30. Ai
marché 15 km. L'albergue municipal est un
donativo. On y accède par un code que m'a
donné Nely. Je suis tout seul.
-
Après midi : douche, sieste, écrit, balade
dans le village
.
Il y a une piscine au donativo... Mais
elle est vide ! 😶
-
Pas de problème de moignon pour l'instant,
mais je suis sur mes gardes en raison de
la chaleur.
📺
PS. J'apprends que dans "Game of thrones",
c'est finalement un handicapé gardien de
la mémoire (Bran) qui l'a emporté : pas
une mauvaise idée !
Camino mozarabe (3) :
Rioja-Santa Fe
Aujourd'hui, petite étape
entre Rioja et Santa Fe de Mondujar.
➡
Je pars tard, m'arrête pour un desayuno,
mais le trompe de chemin à la sortie de
Rioja.
-
Demi tour. Je ramasse une orange 🍊 sur le
bord de la route : infecte, je la
recrache. J'en cueille une autre sur un
arbre : excellente ! Ai compris la leçon.
➡
Décide de faire un crochet par le village de
Gator.
Un temps de silence dans
l'église, tapas et jus d'orange dans un
bar...
...
et je repars. Il est 13h, ça tape, mais il
y a toujours un vent frais venu du sud.
-
Je marche sur une jolie route déserte, le
long de belles propriétés et des arbres en
fleurs.
➡ Petite pause sous un
arbre.🌴 Mauvaise pioche : je m'assieds
dans une espèce de glue collante qui
imprègne tout le short, puis les mains et
tout ce que je touche !
-
Me voici contraint de me changer
entièrement !
➡
Les paysages sont de plus en plus sauvages
et déserts. La Sierra est là. Magnifique.
- J'arrive à Santa Fe de
Mondujar vers 15h. Joli village à flanc de
montagne. 10 km de marche avec le crochet
par Gator.
-
Le logement, "El Olivo y la Naranja", est
confortable, bien aménagé, mais il n'y a
rien dans le frigo, ni dans les
armoires...
Tant pis, quelques courses, une bonne
douche, la siesta et la tranquillité du
soir.
-
Je suis tout seul. Il paraît qu'il n'y a
qu'environ 200 peregrinos par an, moins de
1 par jour...
Camino mozarabe (4) :
Santa Fe - Alboloduy
L'étape
d'aujourd'hui est longue.
Mais extraordinaire.
➡
J'ai quitté Santa Fe juste après 6h.
Cela commence par une longue grimpette
par une petite route tranquille. Puis
une descente jusqu'à la disparition du
bitume.
-
Le Soleil se lève, mais voilé.
D'ailleurs je le verrai peu dans la
journée.
➡
Puis commence une longue montée sur une
piste. La nature est dépouillée : on est
comme dans un "reg" (cf mots croisés !)
-
Peu de faune, sauf quelques insectes. Et
un immense silence...
➡
Arrivé en haut, surgit une descente
abrupte. Je descends prudemment,
prudemment... et je savoure la qualité
des sandales keen achetées bien cher !
... très efficaces pour accrocher le
sol, même sur les cailloux.
-
Depuis mon expérience sur le Camino, je
préfère les montées aux descentes : les
horizons s'ouvrent, la démarche est
fluide, on respire et transpire. Dans
les descentes, les coups du sol sur la
prothèse remontent le long du dos et
cassent les genoux !
➡ Nouvelle montée plus cool, avant une
jolie descente jusqu'au village de
Alhabia. Une pause café.
➡ Le
chemin repart en longeant le lit d'une
rivière asséchée. On entre dans un
"parque natural". 7 km sur une petite
route goudronnée où je ne croise
personne.
-
Montagnes et falaises rocailleuses : pas
d'eau, pas de cascades !
-
Heureusement, il y a de nombreux
orangers... et je ne m'en prive pas. La
cure ! Trop bonnes, les 🍊. Et puis il
ne fait pas chaud.
Mais on peut imaginer l'été !
➡
Le village d'Alboloduy apparaît par
surprise au détour d'un virage : j'y
arrive vers 14h30. C'est là que je dors,
dans un donativo tenu par les Amis du
Mozarabe. Francisco m'accueille : son
espagnol est difficile à comprendre,
mais l'information passe. Il est très
attentif.
Cette fois, il y a ce qu'il faut dans
les armoires et le frigo. Décidément,
les Amis du Mozarabe sont très à la
hauteur !
- Le
bourg d'Alboloduy est flanqué sur un
coteau qui grimpe vers la montagne. Je
m'y promène, parcours les petites rues.
Il est typique et splendide...
➡ 2
peregrinos allemand.e.s viennent me
rejoindre. Mais chacun son dortoir !
▶
Aujourd'hui : 15 km, dont presque 500 m
de dénivelé montant... et descentes
acrobatiques.
Camino Mozarabe (5) :
Alboloduy-Nacimiento (25 Mai 2019)
Dure journée !
-
Le matin pourtant est prometteur. Petit
déjeuner sur la terrasse avec les
allemands, Brigita et Wolfgang. Adieu à
Francisco.
Quelques dernières photos du magnifique
village d'Alboloduy... et à 8h, c'est le
départ.
➡ Pendant 2 km, on longe la
rivière asséchée, puis on entre dans un
canyon.
-
Indication douteuse : un chemin part à
gauche. Ce n'est pas le bon. Des chiens
aboient 🐺 : ça résonne dans tout le
canyon pendant plus de 10 minutes. Pénible
!
➡
Et bientôt, après la traversée d'un filet
d'eau, c'est une rude montée par la
droite. Au début, ça va. Puis le sentier
continue à flanc de montagne, au-dessus du
vide !
...
Suis pris de vertige.
---------------
Explication : quand on est
amputé d'une jambe, le handicap manifeste
aussi des symptômes ignorés ♿ :
▶
D'abord l'équilibre beaucoup plus
instable.
▶
Ensuite, le centre de gravité du corps est
déplacé plus haut.
▶
Enfin, il y a la difficulté de la marche
"à devers" où la prothèse sert de point
d'appui. En l'occurrence, elle est du
mauvais côté.
➕ À
cela, s'ajoute le traumatisme de la mort
de mon frère JM lors d'une chute dans les
Pyrénées.
✔
Tout cela explique mon soudain malaise.
---------------
➡ Je franchis un 1er passage
vertigineux, assis sur les fesses.
-
Ai trop la trouille : je décide de
m'engager dans une cheminée qui rejoint
une route plus haut.
Pas
de bol : cul de sac ! Je tente
d'escalader. Trop dangereux. 1/2 tour.
⚠
Comment faire face au vertige ? Je
reprends le sentier du Camino. Nouveau
passage vertigineux.
-
Je suis terrorisé : j'avance en rampant
contre la paroi, en m'accrochant aux
pierres et aux plantes... en priant, les
yeux fermés !
OUF, je passe, non sans écorchures et
épines (la végétation méditerranéenne
n'est pas douce !)
➡ Le sentier rejoint la
"carreterra" : longue pause pour retrouver
mes esprits. Respiration, transpiration,
expiration, inspiration, spiration...
L'esprit est structuré au corps, pas en
dehors (une vieille conviction personnelle
qui m'a toujours rendu réservé à l'égard
des "spiritualistes" et tout ce qui est
"mentalisme").
➡
Le Camino suit la route. Je croise un
troupeau de chèvres 🐏 et de moutons. Les
bergers m'indiquent le chemin.
- On traverse un très beau
plateau coloré. Puis le chemin redescend
dans un canyon par un large sentier. Un
peu de faune : gros lézards, serpent 🐍.
➡ Enfin je chemine au milieu d'une forêt de
bambous jusqu'à Nacimiento où j'arrive vers
15h30.
- Je suis accueilli comme un
prince : bière, plato combinado bien
fourni ; une chambre individuelle.
-
Sieste, le soir une bonne soupe de
légumes... Et je regarde la Finale de la
Copa del Rey, où je savoure la défaite du
Barça contre Valencia.
➡
Quelle journée !
Camino Mozarabe (6) :
Nacimiento-Abla
Après
un desayuno au cafe centro de Nacimiento
(qui m'a accueilli pour dormir), je
repars vers 8h.
Au
revoir, Nacimiento !
➡ Le
chemin est tranquille sur une rivière
asséchée (une de plus. Beaucoup de
maisons et de villages abandonnés :
pauvre Andalousie !).
- De la poussière quand deux motos me
croisent.
Plein de petits lapins 🐰, mais pas moyen
de les photographier.
À
Las Tres Villas, une dame me propose
de boire à sa fontaine.
▶
De temps en temps, des espagnols me
demandent si je vais à Santiago : ils
sont un peu étonnés, mais aucun ne me
questionne sur ma jambe de bois !
-
Toujours à Tres Villas, beaucoup de
monde dans les rues : ce sont les
élections, ça papote dans tous les
sens... L'ambiance a l'air plus
familiale que chez nous.
➡
À la sortie d'Ocaña, je rate le chemin
et marche sur la route : peu fréquentée.
De nombreuses éoliennes gigotent avec le
vent...
- Les derniers kms avant Abla se passent
sur un sentier de pierrailles.
➡
Le soir, un norvégien en cyclo, vient
me rejoindre dans le donativo. Je lui
explique le fonctionnement d'un
donativo.
-
Belle journée : un peu plus que 15 km
agréables.
Camino
mozarabe (7) : Abla-Huénaja
➡
Tranquillou, j'arrive à Finaña vers
13h.
... Je dois m'arrêter souvent pour
boire, prendre de l'ombre et
nettoyer le moignon.
- Le sentier se perd : j'escalade
des champs en terrasse, redescend
dans le rio, n'y comprend plus rien,
sous l'œil goguenard de petits
lapins qui s'enfuient à mon approche
🐇
➡
J'arrive à Huéneja épuisé, tel un
Zombie, après 20h ! C'est la fête au
village : cloches, feux d'artifice,
fanfare, boutiques closes. Pas
l'énergie d'aller voir !

-
Parvenu au donativo, le code d'accès
ne fonctionne pas (sans doute, une
tentative de vandalisme). J'en essaie
d'autres, proches, et finis par le
trouver.
▶ OUOUOUOUOUF ! Toujours super bien
aménagé. Tout seul, une fois de plus.
- M'effondre sur le lit et dors.
Douche et repas plus tard.
😶 Plaie sur le moignon :
heureusement, pas sur un point
d'appui... Et j'ai maigri : donc
changement de manchon (qui entoure le
moignon).
♒ Bref, 21 km. Et tout ce qu'il ne
faut pas faire !!! Chacun appréciera.
-------
NOTE : la capacité de l'organisme à
retrouver des forces est étonnante. Ce
matin, je suis bien. Mais je reste une
journée à me reposer.
Camino
Mozarabe (8) : Huéneja-Alquife
Incontestablement,
la plus belle journée depuis le
départ d'Alméria.
- Suis parti très tôt de Huéneja,
vers 6h30, parce que l'étape est
longue (18 km). Un peu de
brouillard...
... Nouvelle pause. Il est à peine
midi. Ai déjà marché mes 12 km.
-
Malgré le Soleil, il y a toujours ce
vent apaisant.
On
arrive à l'immense mine de fer (mina
de hierro).
🚘 Surprise : Manuel, l'aubergiste,
vient me chercher "con la coche".
Nely, qui veille sur moi comme le lait
sur le feu, l'a prévenu ! 💛
➡
Voilà Alquife. Albergue Ladro.
-
Douche, sieste, on connaît.
Le
soir, arrivent 2 cyclistes, Anton et
Nazareth, qui font le tour de la
Sierra Nevada en vélo.
... et resto le soir, avec du poulpe !
🐙
Camino
Mozarabe (9) : Alquife-Cogollos
- 30 mai 2019
▶
Petit blues d'intello
anachronique : ai le sentiment de
plus de réalité humaine dans ces
travailleurs (ou même chez ces
bergers croisés), que chez ces
universitaires condescendants et
méprisants que j'ai trop
fréquentés.
"Ohé artisans, ouvriers et paysans
(et bergers)... Montez de la mine,
descendez des collines, camarades
!"... Vapeurs marxistes dans ma
tête... Et combien de haines et de
colères justifiées.
- On le voit aussi dans ces
charbonnages fermés de Belgique
(Charleroi où nous nous sommes
mariés, mon épouse et moi), ou du
Nord. Combien de rêves, de
frustrations accumulées...
... pour des ruines (d'aujourd'hui)
➡
Chemin tout droit. Un berger,
moutons, chèvres 🐏 et chiens.
-
On voit Jerez de Marquesado :
chouette, le paysage est plat, c'est
tout près !
PIÈGE : boum, un ravin ! Et un gué à
traverser tout en bas...🏞
-
Très très beau village dans un site
exceptionnel. Je m'arrête dans un
bar pas très accueillant : réserve
prudente des andalous ?
... Et surtout, il y a un lac en
bas. Le sentier le rejoint.
➡
3 kms encore jusqu'à Cogollos. Un
habitant m'indique la "casa rural"
de Juan Carlos, chez qui je dors.
Tout seul dans une belle et grande
maison.
Bel accueil très professionnel.
-
Rite habituel : douche, sieste,
courses, soirée au calme. Énorme
chien moche, mais sympa.
-------
➡
Grand silence intérieur paisible, et
rempli de la terre andalouse, de la
vie végétale, animale, des rares et
précieuses rencontres.
-
Paix totale.
Camino
mozarabe (10) : Cogollos-Guadix
Toujours
des étapes sublimes.
- Ce matin, c'est mon
anniversaire. Le gros chien de mon
hôte me le signale, et lui, Juan
Carlos m'offre des
viennoiseries...
➡ Je marche dans une
vaste plaine, avec un vent
violent. Je croise encore des
bergers, des troupeaux... 🐑
➡ Puis le Camino descend dans un
ravin où, plus j'avance, plus le
pays est sauvage, avec des falaises
rocheuses.
▶ On contourne
l'impressionnante forteresse, on
ressent l'influence musulmane...
...puis par des petites rues,
j'arrive à la Casona de la Luz.
J'apprends que cette maison est
d'origine romaine, puis refaite
par les arabes.
Je suis accueilli par Gabi et Pepe.
- Gabi tient l'auberge et pratique
l'ostéopathie. Pepe prépare des
crêpes...
- De la terrasse de la Casona de
la Luz, la vue s'étend sur la
ville de Guadix.
-------
Problèmes de moignon. Ai dû
changer de manchon, parce que je
maigris. Très douloureux...
- J'ouvre la boîte de compeed
achetée à Decathlon pour soigner
un début de plaie : vide !!!! Un
petit malin a ouvert la boîte dans
le magasin, et a pris tout le
contenu. Ce n'est pas grave, mais
c'est vexant.
▶ Le soir, je vais manger à la
"Alcazaba", sous la forteresse...
-------
Plusieurs membres de l'association
m'invitent à rester une nuit de
plus. Pourquoi pas ? La ciudad e
espléndido...
...et je n'ai encore rien vu
Camino
mozarabe (11) : Guadix
GUADIX
: Autant l'avouer, j'ai été
scotché par cette cité !
➡ Gabi m'invite à aller voir le
"mercado", le marché. Pour
l'instant, c'est du déjà connu.
- Toutefois, je suis rabroué 2
fois parce que je prends des
photos. Restons prudent.
➡ Il est midi : je me rends à la
Cathédrale où je tombe sur un
mariage. Il y a une chorale
exceptionnelle et une chanteuse de
très haut niveau 🎶.
- Je voudrais rester un peu, mais
je me fais jeter par le gardien...
non sans avoir photographié la
très réussie copie de la Piéta de
Michel-Ange.
... La Cathédrale doit aussi
faire la sieste.
- J'erre dans la Ciudad, admiratif
des bâtiments, des petites
ruelles, des couleurs... des
quartiers piétonniers.
Le foot, institution nationale
La casona de la Luz,
maison romaine, puis arabe, où je
loge...
-------
➡ Fin d'après midi, Paco, de
l'association Mozarabe, vient me
chercher et me fait visiter la
ville, sous l'angle historique,
cette fois.
- Les dates : colonie romaine,
1ère communauté chrétienne dès le
premier siècle, invasion Maure, la
Reconquista de 1492 (par des
traités), la reconstruction
catholique, la désastreuse Guerre
d'Espagne...
- Les "cuevas" (cavernes) sont les
lieux où les musulmans se sont
réfugiés. Je fais le parallèle
avec la Cappadoce, qui ressemble à
cette région, où là-bas, en
revanche, ce sont les chrétiens
qui se sont réfugiés dans les
cavernes lors de la conquête
musulmane.
▶ Église San Francisco (où je fais
la connaissance du curé qui a fait
l'École biblique de Jérusalem) ;
Place de la Constitution (ravagée
par les troupes de Franco et
magnifiquement reconstruite) ;
À gauche, l'arcade originale, à
droite, la reconstruite : la
différence est subtile !
Les façades de la Cathédrale et
les symboles (j'ai quelque doute
sur certaines évocations
historiques, mais c'est si riche
!) ;
Astuce architecturale : forme d'un
calice, dans l'ombre. Je le
demande où Perceval est allé
chercher le Graal 😂
les petites rues arabes ;
la place des thermes romains ;
l'église dominicaine et son
plafond boisé.
▶ Nous tombons par hasard sur une
étrange procession...
Représentation
goscinno-uderzienne de cette vieille
tradition 😶
- On continue avec le mirador qui
domine la ville et les environs
(cuevas, forteresse, Sierra Nevada
et autres, etc.) sur 360° ;
et le théâtre romain découvert lors
de la construction d'un parking !
... Tout ça, expliqué par un Paco
inépuisable, dont je ne comprenais
pas tout, mais passionnant et
passionné !
Merci Paco 👏
➡ La soirée se termine à la
taverne "la bodeguilla" où Paco
m'offre tapas et surtout un petit
vin liquoreux (de los Reyes) de
derrière les fagots, dont j'ai
encore la saveur au fond de la
gorge !
▶ Quelle journée étonnante...
Camino
mozarabe (12) : Guadix-Baños
de Graena
Difficile de quitter cette
belle cité de Guadix. Je traîne
un peu. Adieu Gabi, Pepe, tout
le monde...
- J'erre un peu en ville,
histoire de retrouver, seul, les
lieux vus avec Paco. Petit tour
au mirador.
➡ Le sentier quitte
résolument Guadix. On grimpe
vers les montagnes.
- Je suis un berger et son
troupeau durant un bon
kilomètre.
Très vite, les paysages
redeviennent sauvages. Les
falaises sont constellés de
grottes.
➡ Après avoir longé la
barrière de rochers, le chemin
grimpe dans des bois. C'est
magnifique.
J'essaie de photographier des
lézards à la queue rouge. Pas
simple, mais j'y parviens.
- Je fais une longue pause
paradisiaque sous un arbre 🌲.
Silence magique ! Si j'avais pu
y passer la nuit !
➡ Le camino descend
légèrement, puis remonte vers un
canyon.
- Je m'amuse du transport
aérien de l'électricité
espagnole : notamment, un poteau
suspendu en l'air au-dessus du
vide.
- Puis le chemin redescend
dans le village de Purullena où
je m'arrête pour une pause tapa
+ (naturellement) un tinto de
verano.
➡ Il fait chaud, mais je le
supporte bien.
- On entre dans ce type de
pays que j'adore : d'abord le
village de Marchal suspendu sur
la falaise avec de nombreuses
maisons blanches et troglodytes
(dans les cuevas).
- Dernier petit bout à plat,
jusqu'au beau village (thermal)
de "Banos de Graena" où j'arrive
vers 16h30.
➡ Je loge à l'hôtel Soledao :
il semble que je suis tout seul.
Les hôtes sont très sympas, avec
une petite dose d'humour.
-------
Cette journée, ce sont
surtout les paysages que j'aime
beaucoup... et des chemins bien
adaptés au peregrino.
Camino mozarabe (13)
: Graena-La Peza
Lever
vers 7h. Je traîne un peu. On est
bien, là. Desayuno à l'hôtel. Tostadas
et café con leche. Pars vers 9h30.
-
Me sens fatigué.
➡ À
Graena, je grimpe un escalier raide
vers le mirador avec une statue de ND.
Des chiens aboient. Beau panorama.
- Toujours des cuevas. J'adore ce genre
de paysage.
Belle route de montagne avec des vues
panoramiques.
➡
Le Camino emprunte un sentier
poussiéreux sur plusieurs kilomètres.
Il y a des vignes !
-
Pause dans un pré avec oliviers.
Puis le chemin rejoint une carretera
avec des échappées encore plus
spectaculaires. On a dépassé les 150
km depuis Almeria.
➡ 1
km avant La Peza, nouveau chemin vers
la droite à flanc de colline, puis
descente un peu casse gueule sur une
ligne de crêtes vers La Peza.
-
Arrivée à l'auberge, j'appelle
l'Ayutamento. L'employé municipal
n'a pas le code d'accès, mais la
clé.
Auberge dans une cour. On entend des
musiciens d'une école de musique.
-
Hébergement fonctionnel, sans plus...
▶
Il y a un autre marcheur, Andres,
espagnol. Il est assez réticent à me
confier le codigo ! Bon, il l'accepte.
Sympa et avenant, ensuite.
➡
Sieste, écris, lave linge, courses et
repas du soir. Je commence un roman
qui traînait ici.
-------
C'est vrai qu'on passe plus de temps
dans les auberges que sur le chemin.
Mais il ne se passe rien, quand on est
seul.
Camino mozarabe (14)
: La Peza-Tocón - 4 juin 2019 -
-
L'étape jusqu'à Quéntar,28 km, doit
être coupée en deux. Il y a un
hébergement à Tocón, petit hameau un
peu à part, à mi-chemin.
Me
lève tôt et pars vers 8h30.
➡
Côte abrupte au départ de La Peza.
Puis montée plus douce.
Progressivement, je marche sur une
ligne de crêtes, par un chemin facile
pour les peregrinos... entre 1200 et
1300 m.
-
Paysages admirables comme je les aime.
Toiles d'araignée à faire frémir
Bilbon !
➡
Pause sous les bois. Petit malaise. On
reste sur les sommets. Le vent est
fort. Ça équilibre le Soleil.
-
Descente vers la Carretera.
Choix : le Camino longe la route.
J'essaie, mais c'est du sable et des
cailloux, le pire pour une marche avec
prothèse.
...
Je ne suis pas maso. Je retourne
marcher sur la Carretera.
-
Longue montée tranquille. Personne sur
la route.
À gauche, le Camino, à droite, la
Carretera : Mon choix est fait !
➡
Arrive au Col de Puedo Blancarès
(1297 m).
-
Enfin un petit chemin (avec barrière
de protection) descend tranquillement
vers Tocón de Quéntar.
Tout petit village, coupé du monde
(des réseaux, j'entends)
➡
Donativo tranquille dans ce village
isolé. Je suis seul.
Le
dernier à être passé ici date d'une
semaine.
-
Pas de réseau, mais UNE BAIGNOIRE !
Pas grand chose à manger.(légumes et
soupe).
-
Sieste jusqu'à 19h45 ! Je devais en
avoir besoin. Je prends un bon bain,
puis je mange une soupe et une boîte
de légumes... et de nouveau, dodo
-------
Suis dans l'état de paix tranquille du
Camino. Le fait qu'il n'y ait pas de
réseau est profitable.
Camino mozarabe (15)
: Tocón-Quentár
🤕
Il y a des journées comme ça sur le
Camino !
🌠 Tocón. Dans la nuit, pour profiter
du fait d'être isolé du monde, je me
lève pour contempler les étoiles 🌌
...Grrrr ! Pas de chance : cette nuit
là, le ciel est couvert !
➡ Le matin, je me lève très tôt. Il
reste un peu de soupe. Il n'y a plus
rien à manger. On verra bien. Je pars
vers 7h.
▶ Il fait très froid et je tremble.
D'ailleurs, je vais garder la polaire
toute la journée. Seuls les énormes
crapauds monstres sortent 🐸
- Je suis la carretera tranquille sur 2
km. Mais il faut rejoindre le Camino que
j'ai abandonné hier. Jardins et
chiens...
➡ Waouh : une montée très raide à
travers bois est nécessaire pour le
retrouver : bon pour mettre en forme le
matin.
🍃 Il fait toujours très frais, le
ciel est couvert et un vent froid
balaie la montagne.
Le
chemin monte, puis redescend. Les
paysages sont extraordinaires et le
Soleil ⛅ pointe son nez.
➡
En bas, pause. Problèmes de
prothèse, le moignon me fait
souffrir. Trouve une solution
provisoire !
➡ Puis c'est une longue montée
magnifique de plus de 4 km pour
atteindre le point le plus haut du
Mozarabe : 1418 m.
- J'ai toujours préféré les
montées aux descentes, car les
panoramas se dégagent et
s'élargissent.
Je
me trompe 2 fois, croyant être au
sommet.
▶
Une première fois, sur un balcon qui
s'ouvre vers le sud-est, avec les
cimes enneigées de la Sierra Nevada.
▶
Une seconde fois, dans les bois.
-
En fait, le sommet se situe au niveau
d'une carrière toute blanche. La
lumière est forte.
➡
Puis c'est la descente vers Quentar.
Extrêmement casse-gueule. Je fais une
super chute-glissade et atterrit dans
les ronces !
C'est là que j'ai glissé et atterri
dans les ronces, à gauche... 🌵
-
Heureusement, je me fais rarement mal,
parce qu'avec ma jambe amputée, j'ai
l'habitude de tomber... Sauf bien sûr,
les égratignures dues aux ronces !
➡ À
Quentar, je rate l'entrée et je suis
contraint de faire un large tour, de
me perdre dans ce village
labyrinthe...
Enfin, je trouve l'hébergement : une
guesthouse tenue par des anglo-saxons.
Très sympa et cool.
Sympa, comme environnement...
🌪
Mais ce n'est pas le jour, je me
prends une nouvelle glissade 🌧 dans
la douche : un bleu sur la hanche, un
coup douloureux dans le bras.
😵 Décidément, ce n'est pas la journée
!!!
- Dans la guesthouse, il y a 4 ou 5
personnes, mais pas d'autres
peregrinos...
➡ Trop faim : je n'ai presque rien
mangé depuis hier matin. Je vais dîner
dans un restaurant.
... Mais ce n'est vraiment pas bon. Je
le déconseille.
➡ Dans la guesthouse, ça tchatche
tard. Difficile de dormir.
-------
Malgré tous les petits désagréments,
j'ai une super pêche. La nature
sauvage est vivifiante.
- Suis très étonné de ma résistance
physique !
... Et demain ! GRANADA. Je vais
m'éclater à Grenade (bon, c'était
facile !!! 🎊)
Camino mozarabe (16)
: Quentar-Granada
Aujourd'hui
18 km : c'est beaucoup... et journée
tellement dense et belle que j'ai du
mal à trier les photos.
➡ Lever tôt en silence. Tout le monde
dort. Thé et boissons et je m'enfuis.
Il fait beau.
- Pas un bruit dans Quentar, sauf les
chiens... L'un me colle aux basques
toute la traversée du village 🐶
- Jusqu'à Dudar, on suit un petit
sentier dans les herbes.
➡
Puis après Dudar, le Camino attaque
une montée raide, une des plus
difficiles depuis le départ.
-
Mais quel spectacle une fois en haut
!!! Un ancien aqueduc romain dans la
montée.
-
Puis pendant plusieurs kilomètres, je
vais marcher sur une ligne de crêtes
de rêve. Des vues sensationnelles sur
la Sierra Nevada ; de l'autre, des
plans successifs de montagnes à
1300-1400 m... En bas, des oliviers,
des casas et cortijos colorées, des
chemins, une végétation de toutes les
teintes.
▶
Le paradis du peregrino !
D'ailleurs, je prends (perds ?) du
temps à photographier ; je profite de
longues pauses...
et je me rappelle que je n'ai rien à
bouffer sauf des raisins secs et du
lait concentré...
➡ Au bout de quelques kilomètres, la
longue descente vers Granada commence.
- La belle Ciudad se fait désirer.
Elle se cache derrière une barrière de
montagnes.
Je croise chèvres, moutons, berger. Le
Soleil ☀ tape, mais je supporte sans
difficulté.
▶
La descente est abrupte. Je fais une
pause près d'une grosse bâtisse
abandonnée : "Jesus del Valle".
➡
Nouvelle marche dans des oliveraies,
puis dans des sous-bois et des
fourrées.
- Le Camino arrive dans un village, et
brusquement surgit l'imposante Abadia
(Abbaye) de Sacramento qui domine la
vallée.
▶
Grimpette raide pour accéder là haut.
Je fais la connaissance de 2 français
de Vitré (j'ignorais si j'étais encore
capable de parler cette langue !) et
on reste longtemps à bavarder.
- Depuis la terrasse de l'Abadia, on a
une vue sur l'Alhambra et sur Granada
: ENFIN !!!
➡ L'entrée dans la ville est magnifique
: on longe des cuevas, l'Alhambra
surplombe.
Pardonnez-moi. Je suis un peu
narcissique, aujourd'hui...
...
Je marche jusque chez les sœurs qui
m'hébergent : elles sont très étonnées
de me voir, et même un peu perdues (à
cause de ma jambe, semble-t-il !).
- Mais tout s'organise. Il est déjà
18h. Douche, repos.
... Et n'oublions pas : presque rien
mangé depuis ce matin.
La
borne 200 km, dans le jardin des
sœurs
➡ Petit restaurant en ville : la
"Meson Botafumeiro". Si, si ! (J'avais
trouvé tellement ridicule ce rite, à
Santiago...). On y mange très bien.
-----
Incontestablement, une des plus belles
marches depuis Almeria.
- Et quelle ville splendide ! J'ai
demandé aux sœurs de rester deux
jours...
Camino mozarabe (17)
: Granada -
7 juin 2019 -
Granada
: je loge chez les sœurs. Communauté
d'indiennes principalement.
➡
Prends le desayuno avec une señora
apparemment riche, assez BCBG (elle
change de toilette plusieurs fois par
jour) et extrêmement cultivée (parlant
plusieurs langues). Mais aussi très
blessée par la vie.
▶ Elle me recommande des musées, des
petites rues, des palais, des
cuevas...
- l'Alhambra est inaccessible, il faut
réserver.
➡ Je me rends au Palais des Olvidados.
Exposición sur la musique espagnole,
surtout le Flamenco, son histoire,
avec vidéos et écoutes..
▶
Puis Expo sur l'histoire de
l'Inquisition : passionnant. Je prends
des tas de notes.
-
L'Église catholique a un lourd passif.
J'ai toujours estimé que l'Inquisition
est la matrice des totalitarismes
idéologiques de ces derniers temps.
-
D'ailleurs, l'expo établit un pont
avec la Terreur, lors de la Révolution
Française.
...
une figure de l'Esprit, au sens
hégélien du terme, effrayante à nos
yeux subjectifs contemporains, épris
de liberté, mais que n'ont pas renié
nos Franco, Staline, Goebbels, Mao du
siècle passé.
▶
Sortant d'une expo sur l'Inquisition,
je me garderai bien d'une condamnation
éthique a priori de phénomènes
historiques d'un autre temps.. Inutile
d'entrer dans ce jeu ! Ça n'a pas de
sens, même si notre subjectivité est
choquée.
SUITE :
▶
En revanche, je me pose des questions
par rapport à la sympathique
communauté de hermanas qui me reçoit :
une représentation du Christ sous la
forme d'un beau danois blanc
chevelu... et un lieu somme toute
assez luxueux.
▶
Bon, je ne vais pas me plaindre : le
repas du midi (l'almuerzo) est
pantagruélique... Waouh !
-
En attendant, je vais me balader dans
les petites rues, sous l'Albaycin, en
songeant aux belles musiques de
Granados, de Falla ou d'Albeniz sur ce
thème...
Il me manque un piano 🎶🎹🎶
➡
Longue longue sieste l'après-midi.
-
Puis je me rends en ville.
Par
hasard, je tombe sur une gigantesque
manif bon enfant, concernant la
liberté sexuelle... avec musique,
batteries, danseurs.
Décidément les manifs latinos sont
bien singulières par rapport à nos
manifs franchouillardes.
▶
Suis impressionné par le peu de
voitures qui circulent... Des taxis
hybrides ou électriques, des 2 roues.
C'est bien organisé et agréable pour
les piétons.
▶
Je monte ensuite à l'Alhambra. Aucune
perspective d'ensemble trouvée (pas
pris le temps !). Pas mieux que cette
porte mauresque...
➡
La soirée se termine avec un super
concert flamenco au Palais des
Olvidados.
-
La danse est le seul art où le corps est
lui-même œuvre d'art...sur des accords
de guitare aux harmonies identiques,
mais aux timbres et sonorités complexes
: 1 guitariste 🎸, 1 chanteur, 2
danseuse et danseur.
- Écho à l'expo de ce matin
NB.
La señora de ce matin, Lou, ne signale
toutefois que ça reste très
commercial.
Bon ce n'est pas gênant, j'ai passé une
super soirée.
-
Retour vers 23h. Il me faudra sonner
plusieurs fois à la porte des hermanas
pour qu'elles viennent m'ouvrir...
-
Quelle riche journée dans cette cité
exceptionnelle...
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