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Edgar Morin (Le concept d'événement)


- Dans les sciences classiques de la nature, le mot événement désigne plutôt l'intrusion du hasard dans un système ordonné. Il est par conséquent plutôt considéré comme perturbateur.

    • La nature est faite d'entités locales dans un espace-temps infini : l'espace et le temps ne sont que des cadres qui servent de référence pour toutes les mesures...
    • L'événement est du domaine de l'histoire, c'est-à-dire du non prévisible dans le déroulement éternel du temps.
    • L'événement, dans les sciences physiques, est intégré mathématiquement dans les "calculs d'incertitude"...

À l'époque où je donnais des cours de physique en Faculté et en École d'Ingénieurs,
j'étais frappé de la désinvolture avec laquelle les étudiants
se préoccupaient des calculs d'incertitude.

Pour beaucoup d'entre eux, la vision du monde était encore toute imprégnée
de la représentation classique.
Ils avaient oublié (ou jamais pensé) que la réalité n'est pas un ensemble de systèmes
juxtaposés les uns à côté des autres;

Voir "le sophisme du concret mal placé" de Whitehead.

  • Dans le cadre d'une philosophie de l'histoire ou d'une philosophie de l'évolution, l'événement est souvent l'occasion et le moment d'une naissance, donc l'émergence d'une nouveauté dans la société , dans la nature, dans la pensée...
  • Avec la Relativité, la position et le mouvement de l'observateur (Relativité Restreinte) et la présence de matière (Relativité Générale) agissent sur la structure de l'espace et du temps. En conséquence :
    • Il n'y a plus d'espace, ni de temps absolu.
    • On ne va donc plus mesurer une distance entre deux éléments isolés de l'univers, mais une nouvelle distance entre deux "événements" spatio-temporels.
    • L'Univers n'est donc plus composé de petits objets juxtaposés et clos dans un espace-temps neutre et universel, mais d'événements dans un "continuum" spatio-temporel.

Dur, dur à comprendre !
Ah, il faut apprendre à se dégager de nos vieilles habitudes de pensée
issues de la science newtonienne...
C'est une sacrée ascèse, car même la langue française nous piège...

  • Avec la physique quantique, l'événement apparaît dans la "rencontre" entre le système observé et le dispositif qui l'observe.
    • Comme les équations mesurent cette rencontre, les équations de la mécanique quantique mesurent des événements.
  • La théorie de l'information amplifie cette idée :
    • Toute acquisition d'information se paie d'une perturbation, voire d'une dégradation de l'environnement.
    • En d'autres termes, à chaque fois que vous ou n'importe quel système capable d'acquérir de l'information apprend quelque-chose ,il crée un événement naturel.

    - Voir la réflexion de Jean Ladrière sur la connaissance par événements

    - Whitehead s'est aussi beaucoup intéressé au concept d'événement.

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