La
controverse Newton (Clarke)-Leibniz


Deuxième
attaque de Leibniz et réponses de Clarke
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Leibniz réattaque en essayant de montrer que la représentation de
l'espace et du temps de Newton conduit aux vues cosmiques de Spinoza.
Chez
Spinoza, en caricaturant un peu
Dieu se confond avec le monde...
La doctrine de Spinoza passe parfois soit pour un athéisme,
soit pour un panthéisme complètement déterministe.
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Newton-Clarke répond en disant que la pensée des pures mécanistes
conduit à faire de Dieu une «intelligence au-dessus du monde»,
coupée de ce monde.
Bref
: d'un côté, confusion entre Dieu et le monde,
de l'autre, séparation totale entre Dieu et le monde...
Et
Dieu là-dedans, qu'en pense-t-il ?
Boh ! Il n'a pas grand chose à dire...
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Leibniz explique alors qu'il n'a jamais nié que le monde créé requérait
le concours continu de Dieu : mais cela a déjà été fait puisque
Dieu, avant de créer le monde, avait tout prévu.
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La
présence continue de Dieu est dans la préscience divine. Si
Dieu a besoin de corriger de temps en temps le monde, il le
fait soit par des moyens surnaturels (miracles), soit d'une
façon naturelle (Dieu âme du monde): or Leibniz n'accepte pas
qu'on fasse de Dieu l'âme du monde.
Le philosophe Alexandre Koyré compare la vision de Leibniz et celle
de Newton,
à travers la double image du Dieu de la semaine et du Dieu du Sabbat:
Le
Dieu du Sabbat est le Dieu de Leibniz :
il s'agit d'un Dieu qui a achevé son uvre,
qui trouve qu'elle est très bonne, la meilleure possible d'ailleurs.
Il n'a donc plus à agir sur ce monde: il se "repose".
Le
Dieu de la semaine, c'est celui de Newton.
Il continue à agir à travers les "forces"...
Vous
aurez reconnu, j'espère, "le Paradis" de Chagall...
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Clarke répond qu'il veut bien accepter le "principe
de raison suffisante" de Leibniz : mais il ajoute que cette
raison suffisante est peut-être tout simplement la "volonté
libre de Dieu" -et non une raison mathématique. Si tel
matériau ou tel mouvement a été créé de telle ou telle manière,
la raison suffisante et suprême n'est peut-être tout simplement
que la volonté divine.
On
aura bien compris que le Dieu de Newton n'est pas
une "intelligence au dessus du monde".
Mais, contrairement aux insinuations de Leibniz,
ce n'est pas non plus ni le panthéisme de Spinoza, ni l'âme du monde.
Toutefois
le Dieu de Newton n'est pas purement transcendant non plus.
Il est agissant par son "sensorium" -qui n'est pas un
organe-,
mais dira Clarke, est une manière (nous dirions aujourd'hui analogique)
d'expliquer la présence actuelle et agissante de Dieu dans l'immédiateté.
Dieu connaît non seulement d'en haut et à partir d'un au dela,
mais dans le temps et l'espace.
Il ne peut agir qu'en étant sur place et dans l'événement.
