La
controverse Newton (Clarke)-Leibniz

Quatrième
écrit de Leibniz
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Le Quatrième écrit de Leibniz touche alors des questions
métaphysiques :
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D'abord,
il réaffirme avec force la validité universelle et absolue
du Principe de Raison suffisante : pas d'action sans choix.
Pas de choix sans motif. Pas de motif sans divers possibles
en compétition. Il ne peut y avoir deux possiblités équivalentes
-conduisant à un choix indifférent de Dieu-. Les "indiscernables"
sont identiques (voir plus haut dans la présentation de la
pensée de Leibniz).
Cela
ne signifie pas non plus que l'espace et la matière sont limités:
dans la pensée médiévale, l'univers était fini et au dela des
corps,
l'espace était imaginaire, en dehors.
Pour Leibniz, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur, l'espace
vide est une aberration.
Leibniz
reprend les objections selon lesquelles l'espace ou le temps absolu
(de Newton) sont divins, ce qui n'est pas possible puisque l'espace
et le temps sont divisibles (Leibniz reste attaché à une conception
de l'espace et du temps comme relations quantitatives au sein
de la matière).
Koyré
pense que Leibniz n'a pas compris
la conception de l'espace et du temps newtoniens
qui sont des "unités globales" qui précèdent
et rendent possibles les relations qu'on y trouve ensuite
(espaces et temps relatifs)...
et qui permettent la présence active de Dieu dans sa création.
Quatrième
Réponse de Clarke
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Si Dieu est soumis à une nécessité mathématique, il est soumis à
une fatalité. Il n'a plus de liberté.
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Puis Clarke dévie la réflexion vers la question de l'atomisme:
Ne peut-il pas y avoir d'objets identiques face à Dieu? En effet,
selon Leibniz, puisque le principe de raison suffisante, exige que
Dieu fasse le réel le plus économique possible,
comment expliquer la présence de nombreux éléments identiques et
soumis aux mêmes situations dans l'espace et le temps: en l'occurrence
les atomes.
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Quant à l'espace, Clarke établit l'attribution de l'espace à
Dieu. Mais il ajoute que cette attribution de l'espace à Dieu
n'est pas une atteinte à sa perfection. Newton a bien distingué
2 espaces: l'espace absolu n'est pas divisible. Ce sont les corps
qui le sont.
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De même pour le temps: il y a des temps parfaitement semblables.
Si Dieu avait obéi à son souci d'économie, alors la mesure du temps
est impossible. Il n'y aurait eu qu'un temps, unique, au sein duquel
le mouvement aurait été impossible.
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Autre point: Clarke, non sans perfidie, devant l'accusation
de Leibniz selon laquelle les forces newtoniennes seraient une
sorte de miracle surnaturel permanent -répond que le dualisme
cartésien
rigide entre le corps et l'esprit sans réalité substantielle intermédiaire
et pourtant unie dans l'action et l'existence tient tout autant
du miracle.
Et
bing dans les gencives !
Je suis bien d'accord avec lui !
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Clarke termine en disant que loin d'être un animal muni de sens
et d'organes, l'univers n'est pas non plus une pure mécanique.
La
porte est ouverte vers une représentation plus organique de la nature...
Je vous renvoie à Whitehead
!
REMARQUE
: On voit que Clarke, face aux attaques répétées de Leibniz, finit
par affirmer que l'espace et le temps sont des attributs éternels
et incréés de Dieu. Sans doute a-t-il perdu de vue la perspective
newtonienne initiale selon laquelle les "Principia"
étaient un ouvrage à la recherche des "principes mathématiques".
Le débat a glissé vers la métaphysique et l'ontologie.
Newton s'était toujours bien réservé le fait que l'absolu de l'espace
et l'éternité du temps ne signifiaient pas qu'ils étaient divins.
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