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Isaac Newton (1642-1727)

La controverse Newton (Clarke)-Leibniz

CONCLUSION : Qui a gagné ?

  • Ilya Prigogine et Isabelle Stengers  pensent que Newton était au fond très peu newtonien, au sens où nous l'entendons aujourd'hui. C'est Leibniz, avec son principe de raison suffisante et son mathématisme, qui défend ce que nous appelons aujourd'hui la "vision newtonienne" du monde : un monde en mouvement perpétuel, où causes et effets s'entre-engendrent perpétuellement sans faire appel à d'autres forces dans la nature. Newton-Clarke, en revanche, parlent de l'activité de la nature comme celle d'un travailleur perpétuel ayant besoin de faire appel en permanence à une puissance supérieure.

  • Pour ce qui est de l'espace absolu et du vide, la conception de Newton va dominer jusqu'à Einstein.

- L'atomisme de Newton semble également triompher face aux monades de Leibniz et son principe des indiscernables. Mais dans le cadre de la physique nucléaire et quantique, l'atomisme naïf de Newton est très fragile.

- La vision de Newton selon laquelle le monde abandonné à lui-même s'effondrerait dans le chaos, reprend une curieuse actualité aujourd'hui...

Quant à l'aspect théologique... :

  • pour ce qui est du miracle, la position de Leibniz est sensée. Le miracle n'est pas une exception aux lois de la nature, mais l'événement de la nature lui-même.
  • la vision leibnizienne d'un Dieu qui voit et prévoit tout d'avance est difficilement acceptable pour les mentalités d'aujourd'hui. Même si ce Dieu est bon et raisonnable, cette représentation est une des sources profondes de l'athéisme des XIXème et XXème siècles. L'idée newtonienne d'un Dieu qui accompagne et soutient la nature semble plus recevable aujourd'hui... (voir la pensée de Hans Jonas par exemple...)

- Le débat inachevé et irréductible de ces deux génies de la pensée est aussi le constat d'une contradiction essentielle entre diverses visions du monde.

  • Elle peut mener au scepticisme tel qu'il s'est développé ensuite chez Hume par exemple ou dans le positivisme contemporain : il ne faut pas s'occuper des problèmes qui dépassent l'entendement.

Pour ma part, je trouve ce choix triste, si la pensée finit ainsi !

  • à moins qu'elle ne soit une invitation à ne jamais renoncer à chercher.

Pour illustrer la controverse, je vous invite à lire deux textes, l'un de Leibniz contre Newton, l'autre de Newton contre Leibniz (sans commentaires de ma part) : vous verrez comment science, politique, religion et éthique sont entremêlés !


Quelques éléments bibliographiques :

- Correspondance Leibniz-Clarke. Présentée d'après les manuscrits originaux des bibliothèques de Hanovre et de Londres par André Robinet. Paris, P.U.F., 1957.

- Bernard Piettre: "Philosophie et science du temps" Que sais-je ?
- Prigogine et Stengers : "Entre le temps et l'éternité"
- Alexandre Koyré : "Du monde clos à l'univers infini"