Nic, je rêve au beau visage d'Hannah Arendt. Le nazisme aura compliqué la vie de beaucoup d'êtres, en dehors de son côté horrible et détestable. Je pense à Heidegger dont on n'a et n'aura jamais plus distingué une certaine pureté de pensée. Connais-tu P.Celan qui était obnubilé par le doute.
Pour moi, il est, avec Rilke, LA poésie allemande. Celan a provoqué sa fameuse réunion sur la montagne aevc Heidegger. Il en serait sorti satisfait MAIS le doute a toujours subsisté. L'intimité d'une pensée reste insondable. Celan était une être pur, d'où son suicide ?? Comme Primo Levi.Gm
Nicorazon a répondu :
Merci Ghislain.
Non, je ne connais pas Celan, ni le contenu de la rencontre qu'il a eue avec Heidegger sur la montagne. Tu sais que je ne suis pas très porté vers la poésie... mais plus vers la philosophie et la
musique. Même les chansons que je compose, je ne parviens pas à les mener au bout !
J'ai lu un certain nombre de contrepoisons à l'égard d'Heidegger (*) : immense philosophe certainement, mais homme finalement douteux. Bon, il n'est pas le seul, j'en conviens.
Il est vrai que je n'ai pas connu, ni moi, ni des proches, les camps d'extermination. Alors mes mots apparaîtront fragiles. Toutefois, mon combat intellectuel consiste à ne pas laisser le Destin
et les déterminismes triompher, et en ce sens, je n'approuve pas les derniers mots énoncés par Jonas sur la tombe d'Hannah Arendt.
À l'instant où j'écris, j'essaie de continuer à croire en la vie, en l'amour, en l'amitié, dans la capacité de l'homme de surmonter les pires abominations et de toucher l'infini ou l'absolu
(selon le point de vue qu'on veut), à espérer dans sa capacité d'être responsable.
Poursuivi par la haine et les menaces de mort, le prophète Élie voulait se suicider le soir. Je comprends les désirs de suicide par découragement, déception, dépression (d'autant plus que de
telles pensées me traversent aussi, et parfois avec grande violence... de moins en moins heureusement), mais je ne les approuve pas. Le lendemain matin, Élie s'est relevé, s'est remis en route et
il est monté sur une montagne. Ce n'est pas Heidegger qu'il a rencontré, puisque quand il est redescendu, il a accompli son oeuvre. Je ne suis pas sûr que la pureté soit un gage d'humanité...,
bien au contraire.
Bon, tu me passeras des poèmes de Celan. Et puis tu sais que j'aime bien Nietzsche (**) et les gens comme cela, même si je n'approuve pas leur pensée. Je vais sans doute apprécier Celan ?
(*) Ah ! Quels contrepoisons ? Teilhard bien sûr, mais aussi Moltmann, Ernst Bloch, Lévinas et Hans Jonas lui-même et bien d'autres... Les trois derniers sont juifs ! Et puis, il y a aussi ma
(presque) copine belge Isabelle Stengers qui, dans un de ses bouquins, exécute Heidegger à gros coups de bourre, comme elle sait si bien le faire. Merleau-Ponty écrit que l'anti Heidegger, c'est
Whitehead : alors là, pour le coup, je marche à 100%.
(**) J'aime mieux la rencontre que Nietzsche a eue sur la montagne avec Loulou Salomé !
... et nos prochaines rencontres dans le Massif de la Vanoise ou ailleurs en Savoie !
Tout cela s'est passé en Europe... et tu fais bien de rappeler par conséquent qu'il faut rester vigilant.
Ne peut-on observer cependant à quelle point la conscience planétaire se développe (voir les rencontres au sommet pour tenter de réguler et éviter les désastres économiques et autres...), pendant que le courage et la conscience individuelle restent souvent balbutiants...
Nicorazon a répondu :
Oui, c'est clair que la conscience planétaire se développe. Ce n'est pas à un teilhardien comme moi que l'on fera croire le contraire. Cela dit, cette conscience planétaire est encore très
minoritaire, même chez nous. Teilhard parlait de ceux qui sont sur le pont du navire et qui voient l'horizon, et de ceux qui sont dans la cale et qui se battent pour leur petit espace et leur
bout de gras.
Cela dit, l'évolution n'est pas linéaire, elle est chaotique : des régressions et des lignes brisées, il y en a eu et il y en aura. Et parfois les bifurcations essentielles ne se passent pas là
où l'on croit.
C'est vrai que l'Europe maintenant est vaccinée, et un avatar des guerres mondiales ici dans nos pays est difficilement imaginable. En revanche, il y a un paquet de contradictions dans
l'évolution économique actuelle qui vont se retourner sur nous.
Les rencontres au sommet ? Je ne sais pas. Je viens de lire une série d'articles très sceptiques, notamment un d'Attali, sur la capacité des politiques à prendre les mesures qui s'imposent
concernant l'avenir de la Planète. Les politiques seraient impuissants, disent-ils, face aux pouvoirs économiques et financiers. La vieille idéologie libérale qui croit que la somme des intérêts
particuliers fait le bien commun est encore vivace.
Une des pistes de l'avenir est le réveil d'une conscience citoyenne et planétaire. Une autre se réalise dans les initiatives locales. "Penser global et agir local"...
Pour moi, il est, avec Rilke, LA poésie allemande. Celan a provoqué sa fameuse réunion sur la montagne aevc Heidegger. Il en serait sorti satisfait MAIS le doute a toujours subsisté. L'intimité d'une pensée reste insondable. Celan était une être pur, d'où son suicide ?? Comme Primo Levi.Gm
Non, je ne connais pas Celan, ni le contenu de la rencontre qu'il a eue avec Heidegger sur la montagne. Tu sais que je ne suis pas très porté vers la poésie... mais plus vers la philosophie et la musique. Même les chansons que je compose, je ne parviens pas à les mener au bout !
J'ai lu un certain nombre de contrepoisons à l'égard d'Heidegger (*) : immense philosophe certainement, mais homme finalement douteux. Bon, il n'est pas le seul, j'en conviens.
Il est vrai que je n'ai pas connu, ni moi, ni des proches, les camps d'extermination. Alors mes mots apparaîtront fragiles. Toutefois, mon combat intellectuel consiste à ne pas laisser le Destin et les déterminismes triompher, et en ce sens, je n'approuve pas les derniers mots énoncés par Jonas sur la tombe d'Hannah Arendt.
À l'instant où j'écris, j'essaie de continuer à croire en la vie, en l'amour, en l'amitié, dans la capacité de l'homme de surmonter les pires abominations et de toucher l'infini ou l'absolu (selon le point de vue qu'on veut), à espérer dans sa capacité d'être responsable.
Poursuivi par la haine et les menaces de mort, le prophète Élie voulait se suicider le soir. Je comprends les désirs de suicide par découragement, déception, dépression (d'autant plus que de telles pensées me traversent aussi, et parfois avec grande violence... de moins en moins heureusement), mais je ne les approuve pas. Le lendemain matin, Élie s'est relevé, s'est remis en route et il est monté sur une montagne. Ce n'est pas Heidegger qu'il a rencontré, puisque quand il est redescendu, il a accompli son oeuvre. Je ne suis pas sûr que la pureté soit un gage d'humanité..., bien au contraire.
Bon, tu me passeras des poèmes de Celan. Et puis tu sais que j'aime bien Nietzsche (**) et les gens comme cela, même si je n'approuve pas leur pensée. Je vais sans doute apprécier Celan ?
(*) Ah ! Quels contrepoisons ? Teilhard bien sûr, mais aussi Moltmann, Ernst Bloch, Lévinas et Hans Jonas lui-même et bien d'autres... Les trois derniers sont juifs ! Et puis, il y a aussi ma (presque) copine belge Isabelle Stengers qui, dans un de ses bouquins, exécute Heidegger à gros coups de bourre, comme elle sait si bien le faire. Merleau-Ponty écrit que l'anti Heidegger, c'est Whitehead : alors là, pour le coup, je marche à 100%.
(**) J'aime mieux la rencontre que Nietzsche a eue sur la montagne avec Loulou Salomé !
... et nos prochaines rencontres dans le Massif de la Vanoise ou ailleurs en Savoie !
Ne peut-on observer cependant à quelle point la conscience planétaire se développe (voir les rencontres au sommet pour tenter de réguler et éviter les désastres économiques et autres...), pendant que le courage et la conscience individuelle restent souvent balbutiants...
Cela dit, l'évolution n'est pas linéaire, elle est chaotique : des régressions et des lignes brisées, il y en a eu et il y en aura. Et parfois les bifurcations essentielles ne se passent pas là où l'on croit.
C'est vrai que l'Europe maintenant est vaccinée, et un avatar des guerres mondiales ici dans nos pays est difficilement imaginable. En revanche, il y a un paquet de contradictions dans l'évolution économique actuelle qui vont se retourner sur nous.
Les rencontres au sommet ? Je ne sais pas. Je viens de lire une série d'articles très sceptiques, notamment un d'Attali, sur la capacité des politiques à prendre les mesures qui s'imposent concernant l'avenir de la Planète. Les politiques seraient impuissants, disent-ils, face aux pouvoirs économiques et financiers. La vieille idéologie libérale qui croit que la somme des intérêts particuliers fait le bien commun est encore vivace.
Une des pistes de l'avenir est le réveil d'une conscience citoyenne et planétaire. Une autre se réalise dans les initiatives locales. "Penser global et agir local"...
Bon, on s'est éloigné d'Hannah Arendt...