Samedi 6 décembre 2008 6 06 /12 /2008 10:53
Lou Salomé et Nietzsche Ces jours-ci, avec quelques amis, nous préparons une soirée sur Lou Salomé. La relation entre la belle russe et Nietzsche me passionne, d'autant plus que j'ai toujours beaucoup aimé le philosophe prussien. Ses attaques contre le christianisme ont quelque chose de revigorant. Dans mes moments de doute, ce sont bien des arguments nietzschéens plus que d'autres qui m'habitent. Sa vision des théologiens incapables de lire des faits sans aussitôt les interpréter dans le sens de leur croyances était pertinente en son temps. N'oublions pas que Nietzsche a fait des études de théologie, avant de se retourner contre l'église, les pasteurs, les clergés et Dieu lui-même. Il savait de quoi il parlait.

En revanche, les prétendus défenseurs du philosophe allemand font parfois preuve d'une inculture et d'une inconséquence qui donnent presque envie de rire, à défaut d'en pleurer devant le quatrième infini, la bêtise humaine (1). Voici ce que je lis dans un ouvrage qui prétend que Nietzsche a été rendu fou par l'église  : "Depuis Pythagore, en passant par Maître Eckart, Galilée, Voltaire, Hölderlin, Goethe et bien d'autres, l'Eglise n'a jamais été capable de réfuter ses contradicteurs. Pendant six siècles le bûcher fut un argument efficace, mais après 1700 il devint difficile de l'utiliser. Entrèrent alors en scène la calomnie, la défiguration ridicule des théories contraires à la foi, mais aussi l'assassinat subtil, le poison." Trop drôle : Pythagore face à l'église ! Sans doute, Pythagore (569-494 AVJC) avait déjà inventé la machine à voyager dans le temps ! Mal parti ! Maître Eckart ? Il est reconnu par l'église catholique comme un des plus grands maîtres de la mystique. Galilée ? Il était bien plus chrétien que vous et moi et tout au long de ses écrits, il n'a cessé de défendre le point de vue de Dieu face à ses détracteurs. En ce qui concerne Voltaire (qui malgré ses déboires avec le clergé est resté déiste et presque croyant), Hölderlin (maître en théologie) ou Goethe, c'est un peu plus compliqué et certainement plus nuancé que ce qui est ici affirmé...
Bien sûr, les bûchers (et les séances de torture qui les accompagnaient) sont impardonnables. Dans ces bûchers, il y eut Giordano Bruno, mais aussi Jeanne d'Arc, sainte, ou Jacques de Molay, grand chrétien si je me souviens bien. Quant au poison et aux assassinats subtils, j'ai le sentiment que l'auteur de ces lignes ne connaît de l'église que le "Da Vinci Code" ! Calomnies et défigurations des théories, c'est vrai et cela existe encore aujourd'hui. Je me rappelle l'affaire Pellecer, jésuite théologien au Guatemala, ou Oscar Romero, archevêque de San Salvador, calomniés par des cathos intégristes auprès du Vatican. Et combien d'autres ! Mais qui étaient les authentiques disciples du Christ dans l'affaire !
"Incapable de réfuter ses contradicteurs" ? Là encore l'inculture est grande. Pourquoi la théologie chrétienne, où qu'elle soit, triomphe-t-elle en de nombreux débats dans l'histoire, depuis Origène et Irénée jusqu'à Rahner ou Bonhoeffer ? Parce que ses arguments sont convaincants, tout simplement.
L'auteur des âneries écrites ci-dessus devrait se renseigner un peu sur l'histoire des églises (et des religions en général) et sur les formidables découvertes et progrès accomplis au cours du vingtième siècle par les exégètes, historiens, philologues, archéologues et théologiens... tandis qu'à la même époque, les nazis exterminaient les juifs, le gouvernement laïc turc assassinait les orthodoxes arméniens, les staliniens massacraient et déportaient les chrétiens russes, les gardes rouges de Mao détruisaient la culture chinoise... Et à combien de désespérances et de suicides l'hédonisme commercial européen mène-t-il ?... Les catholiques y ont échappé pour l'instant, mais à voir l'extension du bêtisier anti judéo-chrétien et assez typiquement français, on n'est pas forcément rassuré. Qu'on s'étonne de voir la remontée des fondamentalismes ! ce qui est loin de me réjouir non plus, croyez-moi. La vraie promesse d'aujourd'hui, c'est le dialogue entre les religions qui seules, sont capables de réguler les excès.

Pour terminer avec Nietzsche, il suffit de lire les excellentes pages que Hans Urs von Balthasar, théologien suisse allemand de grande culture, lui a consacré. C'est lui qui a animé ma curiosité envers le philosophe allemand et qui me l'a fait aimer. Et à ce qui me semble, la "folie" de Nietzsche était simplement due à un problème de vascularisation du cerveau ! Non ?  La culture contre l'inculture.

(1) C'est quoi, les autres infinis ?
Par Nicorazon - Publié dans : Et Dieu dans tout cela
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