Henri Salvador chantait autrefois : « regardez le petit clown qui rit toujours d'un air joyeux. Tout le monde croit qu'il est heureux... Et pourtant il pleure, et pourtant il meurt dans son coeur, et son
chagrin est bien caché ». Les apparences sont trompeuses. Quand j'entends cette chanson, je pense au clown du film « Sous le plus grand chapiteau du monde » qui
avait tué sa femme et qui pleurait tristement après ses spectacles.
Ce qui est vrai des clowns l'est aussi des chercheurs et aventuriers de l'esprit. C'est sans doute mon cas, car je n'arrête pas de croiser des personnes qui proclament que je suis savant, que je suis une encyclopédie, que je suis l'intellectuel du groupe etc. Et pourtant, je me sens complètement ignorant, comme dans l'obscurité qui enveloppe le plongeur lorsqu'il descend dans l'océan, et je suis contraint à chaque instant de me désapproprier de moi-même et de me décentrer. De plus, face à des individus sûrs de leurs convictions et de leur appréhension certaine du réel (qu'elle soit optimiste, tragique, rationnelle ou ésotérique), je ne sais plus quoi dire et me sens complètement désarmé, voire ridicule... même quand je connais infiniment mieux le sujet dont ils parlent.
Revenons au clown. Je ne sais pas pourquoi je suis de plus en plus sensible à ce point : ce ne sont pas la tragédie d'un côté ou la raison scientifique de l'autre qui expriment le mieux les structures et l'essence du réel, mais la comédie. Une comédie sans dérision toutefois, celle qui sait rire de soi et des autres sans méchanceté, mais qui dérange les certitudes... Henri Salvador était certainement le plus sage et le plus savant d'entre nous.
Décembre 2010 | ||||||||||
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... parce que ça existe !
C'est cela descendre dans l'obscurité. Ou alors, le bonheur n'est que le retour au sein maternel, là où on n'a pas de souci.
Mais je crois de plus en plus qu'il y a de la lumière et de la musique dans cette obscurité. Sa luminosité est peut-être trop aveuglante à voir et sa musique trop sonore pour être perçue sans prudence. L'être du monde et de la vie m'explose à la figure en permanence... mais on se met souvent les mains sur le visage pour ne pas en sentir les projections. J'ai pris le risque existentiel de l'affronter. Pas si facile, tu sais.
Merci Cath.
Bonté que ma phrase est alambiquée, mais je crois que tu comprendras!
ceux qui "savent" n'apprendont jamais ...
Ce n'est pas une fuite, c'est une vision différente des choses. Il est vrai que trop penser, nuit à un cocon dont on aime s'entourer. A bientôt ?