Mardi 27 janvier 2009 2 27 /01 /2009 09:43
Crise financière, puis crise économique... Pourquoi ai-je dans le crâne le pressentiment qu'elles ne sont que prélude à une situation présente et future immédiate beaucoup plus grave ? Derrière cet état critique, se cachent la crise écologique, la crise de l'énergie et d'autres en rebond... Mais derrière l'horizon, se profile une crise spirituelle encore plus profonde. En raison, ou en cohérence plutôt, de ma vision organique des choses et de ma sensibilité artistique, je vibre à la tension du tissu du monde qui manifeste des craquements et des déchirures. Les symptômes sont multiples : chute de la natalité en Occident, au Japon, en Allemagne, dans les pays latins et scandinaves (la France faisant bien curieusement exception) ; tension communautaires croissantes liées à des revendications religieuses et identitaires : les attentats de Bombay, la Guerre à Gaza me rappellent le tableau de Goya (ci-contre) que Michel Serres a placé en couverture de son ouvrage "le contrat naturel". Deux personnages se battent à coup de gourdins, tandis que la boue monte autour d'eux. Agitation permanente des milieux d'affaire et économique, où corruption et immoralité croissent, tandis que crient dans le vide les défenseurs -bien impuissants- d'une éthique de la responsabilité et de la solidarité. Médias de plus en plus propagateurs de sensationnel, d'affectif pleurnichard, de futilité de jeux racoleurs... Et quand survient un événement dramatique comme la tempête de ces derniers jours en Aquitaine, dans le midi, dans la péninsule ibérique et en Italie, il s'en suit comme une expiration, un souffle qui vide l'esprit de ses halètements jouisseurs... qui vont reprendre de plus belle dans quelque temps.
  • L'arrivée de Barack Obama, comme en d'autres temps celle de Gorbatchev ou celle de Nelson Mandela, va-t-elle souffler assez fort pour assécher cette gadoue et apporter un peu de justice et de paix ? Je le souhaite de tout coeur, mais je ne sais s'il y arrivera. Les hommes providentiels sont efficaces quand ils cristallisent l'attente et les potentialités du peuple. Si le moral (au sens psychologique et au sens éthique) n'est pas là, si l'esprit de nos nations autrefois dynamiques vieillit, je ne vois pas comment Obama pourrait être efficace. Des articles lus dans divers journaux (télérama par exemple) énumèrent les raisons d'espérer. En 2009 ? Difficile à croire. À long terme, peut-être, mais bien au-delà du siècle qui a commencé et qui montre des remous inquiétants...
  • La grande grève de l'Esprit, prophétisait Teilhard de Chardin, avant le renouveau des consciences ?
L'athéisme a toujours joué dans ma vie le rôle d'une inversion de couleurs qui mettait en relief mes recherches et mes convictions (qui se densifient avec les années, heureusement). Il m'apparaissait comme le contre-poison par rapport aux moralistes sinistres et les inquisiteurs hypnotiques que l'on croise encore dans les milieux religieux. Mais ces derniers temps, il y a eu une campagne d'affichage lancée par des athéistes dans les rues de Londres et de Barcelone. Si j'ai bien entendu le discours, elle repose sur l'idée selon laquelle Dieu n'existe pas, ou que s'Il existe, on s'en moque puisqu'il ne sert à rien, et que par conséquent profitons de la vie ! Une variation de plus sur le thème : "nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer !" - bref, amusons-nous, ceux qui n'en profitent pas, tant pis pour eux, qu'ils crêvent ! Les malades, les pauvres, les bombardés et phosphorés, les dépressifs, les victimes de l'injustice ? Ce n'est pas notre affaire, ils vont mourir comme nous dans ce monde sans signification. Vu les raisons de désespérer (voir paragraphes précédents), pourquoi s'en faire ? Sous cet angle, l'athéisme n'est plus un filtre d'inversion de couleurs, mais un miroir négatif (au sens moral, pas au sens épistémologique) et manifeste ce que j'appelle la crise spirituelle profonde.
  • Jamais à ces défenseurs d'un hédonisme faussement joyeux, profondément désespéré, il n'est venu à l'idée que le message évangélique est essentiellement un message de joie, de nouvelle création et de vérité existentielle, et que lui aussi noie la mort dans l'événement pascal ? L'histoire religieuse, je sais, l'a un peu oublié et elle a souvent réveillé les puissances de mort par une mauvaise pédagogie de la Croix. Jésus s'est surtout battu contre les religieux, rappelons-le. Encore que, ce que j'écris là est une interprétation personnelle, anachronique, ana-topique, de l'histoire du christianisme.
L'activité industrieuse de l'homme a un sens, sinon, dit encore Teilhard, à quoi bon travailler ? La construction d'une humanité joyeuse, libre et fraternelle, aussi et elle déborde les apparences. Ce ne sont pas seulement les intentions qui comptent (misère d'un moralisme désuet qui a curieusement des résurgences dans l'existentialisme des années 50), mais bien la cité concrète, organique, physique qui se bâtit. Elle est porteuse d'un symbole, d'un logos qui dépasse notre horizon. Pour quelle finalité ? Je n'ai pas la solution, mais eh bien, un peu plus d'espérance en l'homme et en ses capacités aiderait peut-être à le discerner.
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
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