Lundi 3 novembre 2008 1 03 /11 /2008 10:10
Mon dernier fils de 12 ans, Clément, à qui je fais visiter la ville de Rome et qui découvre avec admiration le plafond de la Chapelle Sixtine, m'explique que la Création est trop compliquée pour que ce soit Dieu qui l'ait produite. Évidemment, malgré tout le respect que je dois à Michelange, il faut bien reconnaître que le visage d'un vieillard barbu, aussi dynamique soit-il dans son mouvement et trop ressemblant à mon goût aux antiques Zeus ou Jupiter, donne une image divine quelque peu décevante. J'ai beau lui expliquer qu'à chaque fois que l'on se représente Dieu, on se trompe, il m'affirme non sans pertinence que "ce serait trop beau si c'était vrai".

Je passe sur le fait que toutes ces représentations ne sont que des images d'une époque destinées à la pédagogie de cette époque.

Mais il est un point qui est clair : quand Dieu se manifeste, ce n'est jamais (ou exceptionnellement peut-être) sous la forme d'une théophanie bruyante avec sonneries de trompettes, bruits assourdissants, couleurs et lumières flamboyantes, fumées et nuées d'anges, mais sous celle d'une infinitésimale présence, en dessous d'epsilon donc, imperceptible à nos saisies conceptuelles ou expérimentales. Cela est conforme à la marche de l'évolution de l'univers qui grandit et se diversifie sans qu'on ne découvre nulle part de présence divine explicite. Cela est aussi conforme à celle de l'histoire religieuse, au sein de laquelle toutes les religions sont appelées à évoluer vers une démarche de la conscience individuelle (sous peine de chute dans l'intégrisme ou le moralisme)... Conforme aussi à l'histoire tout court où les événements ne parlent qu'après coup. Enfin, cela est conforme à notre existence personnelle même, essentiellement contingente, dont le surgissement est complètement hasardeux : j'aurais dit non à une amie qui me proposait de passer des vacances avec elle, je n'aurais jamais rencontré mon épouse Véronique, et Clément n'existerait pas et ne me poserait pas toutes ces passionnantes questions.


Teilhard de Chardin écrivait ce mot : le maître de maison ne force pas les portes pour entrer chez lui. Puisque le Dieu qui se révèle dans l'histoire est un Dieu Esprit et relation (et dans mes convictions intimes, trinitaire) qui crée la liberté et se cache, pourquoi veut-on à tout prix qu'Il ait besoin de créer l'univers par magie, ou de se manifester avec tintamarre et prodiges (comme le croient avec naïveté les fondamentalistes, les créationnistes et les tenants du "Dessein intelligent"), alors que la silencieuse présence agissante et mystérieuse qui appelle nos libertés est infiniment (je pèse mes mots) plus enthousiasmante.

Par Nicorazon - Publié dans : Et Dieu dans tout cela - Communauté : Théologie et écologie
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires - Partager    
Retour à l'accueil

Présentation

Créer un Blog

Recherche

Calendrier

Décembre 2010
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>
Créer un blog gratuit sur over-blog.com - Contact - C.G.U. - Rémunération en droits d'auteur - Signaler un abus - Articles les plus commentés