Identité

" Je ne peux rien pour qui ne se pose pas de questions " (Confucius)
Jeudi 24 juin 2010 4 24 /06 /2010 15:36

 

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Il y a longtemps que je n'ai pas marché et surtout que je n'ai pas écrit de petite promenade philosophique.

Le Soleil arrivant enfin sur l'Isère, après des semaines de pluie et de froid, aujourd'hui je m'offre une petite marche digestive d'une à deux heures. Pas plus. À force de barboter tantôt dans les concepts philosophiques, tantôt dans la symbolique religieuse et théologique, tantôt dans des calculs de physique (pour compléter les fins de mois, je fais des enquêtes sur les flux énergétiques dans des entreprises pour l'ADEME), la tête finit par oublier le corps, les nerfs, les muscles et membres (qui restent). Et je finis par être comme ces dessins d'enfant qui croquent des personnages avec une grosse tête, des mains énormes et des pieds... sans tronc.

  • Bref, je m'empare d'une carte IGN au 1/25.000ème des alentours de Grenoble. La Chartreuse ? J'y suis toujours fourré. Le Vercors ? C'est un peu loin. Il n'y en a pas assez sur la carte. Bon, regardons à l'Est, vers la Chaîne de Belledonne. Oh ! Je repère un village du joli nom "Le Recoin" à 1650 m d'altitude, avec un petit sommet à 1880 m à côté. Cela me convient. 30 Km de voiture et hop, c'est parti. La route est belle, trop belle même pour un petit village de montagne. Mais rien ne m'étonne. Nous sommes à côté d'une métropole de 500.000 habitants. Un lac ici, une station thermale là, des cyclistes et des travaux...

J'arrive : aïe ! Ce n'est pas le nom du village que j'avais lu sur la carte, mais... la station de ski de Chamrousse ! Je me précipite sur la carte menteuse. Mais non, elle ne m'avait pas menti. L'énoncé "Commune de Chamrousse" est écrit en gros, en bleu clair et en arrondi, trop gros pour que je le vois. Tout dépend de l'échelle du regard ! (C'est valable dans d'autres doma ines). Le village "Le Recoin" n'est qu'un hameau de l'ensemble de la commune Chamrousse 1650 ! Contre mauvaise fortune, bon coeur. Je me gare sur un parking vide (il n'y a presque personne), je m'équipe et je pars pour deux petites heures. Me voici seul, avec mes deux cannes anglaises. Plusieurs chemins sont balisés. Je m'engage dans celui que j'estime se rendre vers l'Aiguille que j'avais repérée. Malheureusement, le chemin se perd dans l'alpage. La pente est un peu verticale. Il n'y a pas trop de végétation et le sol est couvert de fleurs. Cela ne me gène pas. Il ne faut pas dix minutes pour que tout le bavardage se taise sous le crâne.


2010-06-24-courbure négative Soudain, au bout d'une petite demi-heure, à l'approche d'un petit col ou plus exactement d'une forme à courbure négative, j'entends de la musique diffuse qui semble venir de derrière un mont. On dirait de l'accordéon ou de l'harmonica. Chouette, ai-je pensé, y aurait-il quelque musicien poète qui vient dans la montagne pour taquiner la muse ? La déception suit : oh la la, cela s'enchaîne trop bien, sans aucun silence, ni aucune hésitation, pour que ce soit un vrai musicien. C'est une radio. En effet, quelques secondes après, j'entends parler de vagues bleus qui ont le blues et qui s'envoient amicalement des fleurs et des caresses verbales dans un lointain pays du sud de l'Afrique, puis une invraisemblable histoire de femme de ministre des finances qui magouille avec une milliardaire (est-ce possible ?), puis d'un énigmatique employé d'une grande banque générale qui passe en procès pour avoir gaspillé quelques milliers, non millions, non milliards d'euros, puis d'un évanescent financier américain qui entre en prison après avoir roulé des milliers de gens pour quelques dizaines de milliards de dollars. Pas de doute : c'est la radio ! Elle tonitrue dans toute la montagne.


La source, je finis par la repérer : un 4x4 garé plus haut sur une colline, de l'autre côté du val où je me situe. Les portes et les fenêtres sont largement ouvertes. Il n'y a personne en vue.

 

Les informations terminées, la musique reprend et m'envoie un de ces délicieux petits clins d'oeil de la vie : ce sont des chansons de Théodore Bothrel, ce troubadour breton du début du siècle qui composa de nombreuses chansons de marin : la paimpolaise, brave marin, la mauvaise prière. Toutes des chansons de marin tristes, intenses, baignées d'horizon sans fin et d'amours blessés par la Mer et la mort. Mais pour moi, cela évoque bien autre chose. Toute notre enfance a été bercée par ces chansons que nous chantait mon père, des heures durant, pendant des voyages en voiture. Comment se fait-il qu'ici au dessus de Grenoble, en pleine montagne, loin de ma famille, loin de l'Océan, ces mélodies accompagnent ma promenade. L'imagination s'emplit de souvenirs et de nostalgie odorante et colorée.

  • J'ignore si vous êtes comme moi, mais je constate que la mémoire est compartimentée. Si je plonge dans les concepts philosophiques, les pensées me viennent et me viennent en un flot ininterrompu, les unes recouvrant les autres comme les vagues de la mer. Mais dès que je quitte cette plongée, tout se dissipe... et dans un autre contexte, je suis bien incapable de philosopher avec pertinence. Si je joue du piano, les harmonies, émotions et structures musicales s'enchevêtrent et s'organisent entre elles, telles des frises orientales sur une tapisserie. Je suis alors loin de patauger dans les concepts ou de songer à l'enfance. J'ai aussi toujours une place réservée à l'imaginaire et au rêve, car je fais partie des gens qui pensent que rêve et réalité ne s'opposent pas, mais se fécondent mutuellement.
  • Mais pour passer d'un compartiment à l'autre, j'ai toujours beaucoup de difficulté. Alors là, dans les alpages des Belledonnes, un cadeau m'est offert : celui de goûter des souvenirs d'enfance, la mer, ses ondulations et ses drames, à travers la musique, dans un environnement magique de montagne.

Toutefois, j'ai besoin de silence. Je finis par atteindre le petit sommet, toujours enveloppé des chansons de Bothrel. Je bascule du côté opposé du 4x4, me réfugie contre un rocher et le son de l'infini (c'est comme cela que j'appelle le silence) efface le son de la radio. Ouf !


2010-06-24-BelledonnesLa vue est splendide : toute la Chaîne de Chartreuse est déployée depuis la Grande Sûre (1800 m) jusqu'au Mont Granier (2000 m), en passant par Chamechaude, la Dent de Crolles, les Lances de Malissard, le Grand Som, tous au-dessus de 2000 m. En face, la vallée du Grésivaudan se découvre avec ses bourgs et le serpent autoroutier, à peine visible. À gauche, le Vercors. Mais la brume le cache. Sous le Vercors, Grenoble est paresseusement étalé. Je constate avec bonheur qu'aucun bruit ne me vient de la ville. Je suis trop haut et trop loin. À droite, la barrière des Belledonnes et derrière le Massif des Grandes Rousses. Mais les nuages les enveloppent : je sais qu'il y a des sommets cachés à plus de 3000 m. Certains de ces sommets sont accessibles depuis le lieu où je me trouve. Mais ce ne sera pas aujourd'hui : j'ai perdu l'entraînement et l'habitude. J'espère quand même en profiter dès que possible.

Derrière moi, il y a un rocher, et derrière le rocher une radio : non non, je ne l'entends plus... ce qui prouve que la théorie de la diffraction sonore a décidé de faire une exception cet après-midi, dans un petit coin de montagne.

  • Nota bene : à ceux qui s'inquiètent de ces balades en montagne, en raison d'antécédents familiaux, je dois rappeler plusieurs choses : d'abord, je m'équipe avec de bonnes chaussures. Ensuite j'ai 4 appuis : une jambe naturelle, une jambe artificielle et deux béquilles, ce qui donne une stabilité bien plus grande que les vulgaires bipèdes que vous êtes. Enfin, je suis en général les chemins balisés, quand ils sont bien visibles. Fin du nota bene.

Soudain un bruit de fond résonne à travers toutes les parois. Bon ! ON PEUT AVOIR UN PEU DE SILENCE DE TEMPS EN TEMPS ! Des mirages 2000 prennent la vallée du Grésivaudan à fond la caisse, en longeant la paroi des Belledonnes. Devant moi, volent des parapentes et même un planeur. À leur place, je ne serai pas rassuré ! Il doit y avoir un dieu pour les parapentistes, car je n'ai jamais encore entendu parler de l'un d'entre eux happé par un mirage 2000. Le grondement des réacteurs rebondira quelques secondes sur les falaises verticales granitiques.

  • Je resterais bien là haut tranquillement, mais d'une part, j'ai du travail, d'autre part, on a annoncé la possibilité d'orages. De fait, les nuages qui enveloppaient les Belledonnes sont désormais sur l'Aiguille où je suis. En dessous, je vois des groupes de jeunes collégiens qui descendent un chemin. Il ne faut pas tarder. Il m'est arrivé déjà deux ou trois fois de me faire piéger par l'orage... dont une fois où la foudre est tombée 15 mètres derrière moi, alors que je tenais un de mes enfants par la main !

Je descends donc rapidement à travers les alpages, sans prendre les chemins balisés. Je regarde la montagne : elle se fiche de moi. Les nuages sont partis et les sommets se dégagent.


À 200 mètres de la station de Chamrousse, je vois au loin le 4x4 descendre lui aussi à travers une route invisible. Nous allons arriver en même temps en bas. Nous nous croisons sur le parking : le conducteur, avec son chapeau sur la tête et ses yeux globuleux, n'a pas daigné répondre à mon regard ambivalent. La montagne qui chante l'océan est belle. La montagne en silence est encore plus belle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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Jeudi 10 juin 2010 4 10 /06 /2010 15:23

Le Journal "Le Monde" a publié un hors série consacré à Edgar Morin. Il était temps. Même s'il appartient au paysage intellectuel français depuis longtemps, il faut reconnaître qu'il a fallu du temps pour qu'il soit apprécié à sa juste valeur dans notre pays. Trop  indépendant, "indiscipliné" titre le Monde, sa soif de vérité, d'humanité, de connaissance, de science, et son combat permanent en faveur des délaissés l'a longtemps rendu suspect aux yeux des idéologues de tout poil. Et comme il est bourré d'humour , cela ne plaît pas à ceux qui se prennent au sérieux.

  • 2010-06-10-Edgar-Morin
  • Et pourtant, c'est un humour trempé dans l'histoire, l'expérience, le vécu... et paradoxalement dans le contenu même de sa pensée. 

     

Pourquoi en France a-t-il été tant rejeté, alors qu'il est connu dans le Monde entier, consulté par l'ONU et les instances mondiales, doctor honoris causa de je ne sais combien d'universités (il y a  même une université qui porte son nom au Mexique), écrivain et homme planétaire reconnu ?

 

Ceux qui me connaissent savent aussi ma fréquentation de ce penseur depuis plus de 25 ans. C'est lors d'un cours sur le structuralisme et la nouvelle systémique que j'ai découvert ce nom intimidant. En lisant le hors série du Monde, je me suis rendu compte à quel point j'aimais cet homme. Je n'ai pas peur du mot "amour" : je me retrouve en lui (toutes proportions gardées, bien sûr), blessé par la vie, assoiffé de tendresse et grand amoureux. Il a perdu sa mère à 9 ans, et il explique comment cette perte est aussi une source de sa passion de la vie, de la nature et de la culture, de l'histoire, des sciences humaines et des sciences dures ("encyclopédant", dit-il de lui-même, avec son sens du jeu de mots ironique),... et en même temps, conscient des contradictions de la connaissance, de l'histoire et de la société.

  • On connaît les combats qu'il a menés contre le stalinisme, après avoir été un sous-marin du Parti Communiste pendant la Résistance contre les nazis, combats qui l'ont conduit à être banni, vilipendé... Il a connu l'humiliation, la maladie, les portes de la mort. Mais à chaque fois, il s'est relevé. Il s'est ainsi retrouvé dans tous les conflits et débats intellectuels de son temps : avec les marxistes et les néo-marxistes, avec l'École de Francfort, avec le structuralisme, aux côtés de personnalités comme Castoriadis, Marguerite Duras, Albert Camus, Wladimir Jankélévitch, Maurice Merleau-Monty, Herbert Marcuse, janpassédéméyeurs etc. C'est incroyable ! Il a fréquenté et débattu avec toutes les vedettes. Il était aux premières loges des phénomènes de société comme Mai 68 ou le mouvement hippie en Californie (où il est resté plusieurs années), il s'est penché sur des rumeurs ou des mouvements sans jamais faire l'intello de haut qui méprise les gens du peuple. Il a fait du cinéma. Il s'est retrouvé avec les pionniers de l'écologie, dans les années 70, aux côtés du Club de Rome ou de gens comme Illich ou Simon.
  • Je cite souvent sa petite phrase : "il y a souvent plus de pensée autour d'un zinc de bar que dans bien des colloques universitaires".

À partir des années 70. il s'est lancé dans son immense Méthode. Il avait près de 50 ans. Et le voilà parti à étudier des ouvrages de physique théorique, de mathématiques, de théories de la communication, du chaos, de biologie, de cybernétique etc. avec des amis experts. Il a écrit volumes sur volumes jusqu'au dernier tome "Éthique", sorti il y a 4 ou 5 ans. À coté de cela, il continuait à étendre sa pensée aux dimensions de la Planète et à celles de l'Univers. J'ai eu le bonheur de lire les 6 tomes, d'enseigner ou de former avec intensité nombre de personnes (1)... bonheur toujours renouvelé quand je me replonge dedans. Pour moi, il est un des penseurs qui préparent le mieux le XXIème siècle.

Il y a un côté Descartes en lui. Quand il s'exprime dans ses ouvrages, c'est toujours un peu à la première personne. Ses écrits sont traversés d'anecdotes... même discrètement dans la Méthode ! Quand il se moque de l'université et de l'explosion du Savoir en "mille savoirs ignares", quand il remarque que tel savant ou tel expert responsable dans son espace restreint, se révèle irresponsable à l'échelle de la Planète, quand il appelle à une anthropologie nouvelle, on ressent toujours une souffrance due à une bataille personnelle.

  • Au milieu de tous ces gens, Edgar Morin est toujours resté humble, réservé à l'égard des institutions. Il avoue avoir un ego très dimensionné, comme on dit, mais il pleure longuement après la mort de sa femme Edwige et, en reconnaissant sa douleur, il écrit un ouvrage entier sur elle (2). Même aujourd'hui, à 89 ans, il a encore toute sa tête et un esprit vif.

Bien sûr, on n'est pas forcément obligé de partager toutes ses intuitions. Certains se demandent comment un homme comme moi, chrétien, peut-il s'intéresser à un agnostique, juif par surcroît, comme Edgar Morin (Edgar Nahoum de son nom de naissance : "morin" est son nom de résistant) (3) ? Surtout quand Morin écrit un évangile de la perdition ! C'est vrai qu'il aborde peu l'art, la musique et la danse, ni la religion (ce qui chez Hegel, un des maîtres originels de Morin, représentait les deux polarités de l'Esprit Absolu). C'est normal, il se méfie des systèmes et des institutions.

2010-06-10-arbre-ganagobie.jpgCe que je goûte chez Edgar Morin, c'est son immense humanité, quasi biblique, qui ne se cache pas derrière des discours spirituels (je suis assez allergique au spirituel (4), sauf quand il a de la pesanteur) ou idéalistes (les grandes causes, au sens platonicien, pas au sens hégélien (5)), qui colle à la condition humaine, à ses épaisseurs et à ses contradictions. La pensée de Morin sent la vie, la Terre planétaire et l'humus, l'histoire et ses troubles et les émois psychologiques et affectifs, les lieux chaotiques et les silences, la complexité et l'imprévisible, la recherche éperdue d'unité et de singularité. Elle fait penser aux cris des psaumes et de Job (et mon côté chrétien, plus juif que grec, se reconnaît dans ce cri).

Le beau visage d'Edgar Morin aujourd'hui, 89 ans, est creusé du temps et des luttes de la vie. Mais il a encore des choses pétillantes de vie et de pensée à nous transmettre...

  • Donc précipitez-vous sur le numéro hors série du Monde, avant que la marée médiatique ne le fasse disparaître dans l'oubli.

PS. Si vous voulez en savoir plus, allez sur l'article de Wikipedia. Sinon, sur mon site perso (www.nicolasderauglaudre.net), il y a plusieurs pages consacrées à Morin et faites dans les années 2000. Si j'ai du courage, un jour je les épaissirai.

 

NOTES

(1) Une anecdote qui fut pour moi unde mes plus grands bonheurs : je donnais un cours sur la connaissance selon Edgar Morin. Ce devait être en l'an 2000. Un vieux monsieur de plus de 80 ans, ancien scientifique, qui fidèlement suivait mes cours depuis des années, m'a regardé avec des yeux gros comme des pastèques et en balbutiant : "vous êtes en train de transformer toute ma vision du monde", me dit-il. Ce fut un des plus beaux compliments que j'ai jamais reçus !

 

(2) "Edwige l'inséparable", Paris, Fayard, 2009. Je suis triste quand j'entends certains se moquer de son vrai chagrin.


(3) Il n'est pas le seul. Il y a bien des athées et des agnostiques que j'apprécie énormément, à condition que ce soient des chercheurs de vérité, et non des dogmatiques enveloppés dans leur ego local. Quant aux juifs, ce qui me fascine, c'est ce peuple enraciné dans la terre, peu conceptuel et peu mystique, toujours en route, en crise, exilé de sa terre et de soi, loin des cultures et religions des grandes civilisations contemporaines de l'histoire biblique.


(4) À la suite d'une session que j'animais il y a quelques mois sur Edgar Morin, l'un des participants me dit qu'il sort d'une session sur Simone Weil (juive elle aussi - à ne pas confondre avec l'ancienne ministre de Giscard)... et que la pensée de Simone Weil est autrement plus élevée que celle de Morin. OK, admettons. Seulement, moi, je ne sais pas quoi faire de la pensée de Simone Weil pour affronter le XXIème siècle. Peut-être est-ce que je me trompe ? Dans le domaine des grandes pensées juives féminines, je préfère Hannah Arendt. J'espère ne choquer personne... Je n'ai pas fait l'effort de me pencher sur Simone Weil !

 

(5) Qu'on en déduise pas que je suis contre les combats politiques et humanitaires. Non, celle avec laquelle j'ai du mal, c'est une militance de racolage, corporatiste ou faussement idéaliste (qui cache un égoïsme intéressé). S'il y a une seule cause à défendre, c'est l'homme dans sa totalité existentielle, écologique et vraie, surtout quand il est pauvre, isolé et fragile.

 

 

 

 

 

Par Nicorazon - Publié dans : Penser autrement
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Mardi 1 juin 2010 2 01 /06 /2010 15:46

Ceux qui sont intéressés, peuvent lire l'article que j'ai écrit pour la Revue Etopia,

  • - Le titre est "Quelle philosophie de la nature pour une écologie politique"
  • Vous pouvez le télécharger en cliquant sur l'image ci-contre 2010-06-01-Etopia7

  • - Il est parfois un peu ardu, je l'avoue, pour les non initiés. Je l'avais écrit l'été 2009, suite à une conférence donnée à Bruxelles.
  • - À la relecture, il est un peu long à démarrer (une quarantaine de pages de réflexion philosophique), mais ne nous découragez pas, SVP, car il est intéressant.

  • - Il est assez fidèle au cheminement de ma pensée (que j'espère livrer avec plus de fondement et de précaution dans l'avenir),
    • * même si je ne livre pas tout, loin de là... Ma réflexion personnelle est plus complexe.
    • * même s'il a été recouvert par quelques lectures alternatives, voire contradictoires, depuis.
    • * même si la Revue a fait quelques mini corrections, au risque d'un ou deux contresens... secondaires heureusement.

Aujourd'hui, j'y ferai certainement apparaître une problématique éthique et politique que je n'avais pas écrite à l'époque. Je développerai aussi la méthode épistémologique qui est un peu caricaturale, ici.

 

Vous pouvez télécharger entièrement la revue sur le site d'Etopia. Mais je ne vous dirai pas où, pour vous inviter à vous balader sur leur site... ! Il y a d'autres articles très intéressants à y lire.

ou encore mieux, l'ACHETER !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Nicorazon - Publié dans : Développement soutenable
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Jeudi 27 mai 2010 4 27 /05 /2010 12:25

Comme je suis de plus en plus agacé par l'influence d'imposteurs scientifiques sur des personnages politiques divers, par la mépris des médias et de personnages racoleurs à l'égard du travail scientifique et intellectuel, et que je n'ai pas le temps d'écrire un article, je renvoie à quelqu'un... dont je suis sûr de l'honnêteté et de la qualité intellectuelle.

2010-05-27-réchauffement climatique Il s'agit, une fois de plus, de la question du dérèglement climatique.

Je viens de surprendre un haut responsable, pourtant le meilleur des hommes, me raconter des énormités au sujet du GIEC et des travaux scientifiques.


L'article auquel je renvoie est de Jean-Marc Jancovici :


http://www.manicore.com/documentation/climatosceptiques.html


Cet article est suffisamment clair pour remettre les choses à leur place.

 

Je réécris le mot de Confucius que Jean-Marc Jancovici ajoute en en-tête :

 "Savoir où est le bien et s'en détourner,

il n'y a pas de pire lâcheté"


Je voudrais ajouter deux points :

  1. Quelle que soit l'origine du réchauffement climatique, nous avons une responsabilité à l'égard de nos enfants, de l'avenir de la Planète et de tous les futurs pauvres, futurs miséreux, futurs malades et futurs réfugiés qui commencent déjà à se manifester çà et là.

  2. Je continuerai aussi à lutter contre les incendiaires et les catastrophistes qui découragent les acteurs et responsables... et qui détruisent toute espérance.

 

 


Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
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Lundi 19 avril 2010 1 19 /04 /2010 11:19

2010-04-19-volcan Ce matin, j'entends un pilote de ligne de Lufthansa affirmer une contre vérité très racoleuse liée à de vieux présupposés qu'il faut rappeler.

Voici en gros son affirmation : "comment se fait-il qu'à l'époque où on envoie des satellites dans l'espace, on soit incapable de prévoir l'évolution d'un nuage de cendres !


Ben oui !

Autre exemple bien connu : La Science est capable de prévoir une éclipse, mais est incapable de prévoir si on pourra l'observer (en raison de la météo)


Plusieurs remarques :

- D'une part, "La Science", ça n'existe pas. Il y a "des sciences" différentes qui traitent de domaines spécifiques, avec des hypothèses diverses, parfois contradictoires, avec des méthodes, mathématiques ou non, plus ou moins efficaces. "La Science" avec un S, c'est du domaine du mythe. Je l'ai déjà écrit plusieurs fois sur ce blog.

- D'autre part, la science occidentale, née avec Aristote et Archimède, puis continuée avec Galilée et Newton, repose sur quelques principes métaphysiques que les épistémologues connaissent depuis longtemps : expliquer le désordre à partir de l'ordre, expliquer la fluidité à partir de la solidité, expliquer le temps à partir de l'espace, expliquer la complexité à partir du simple.

  • La science occidentale a très bien marché pour tous les systèmes proches de l'équilibre ou pour les systèmes linéaires quasi linéaires, c'est-à-dire les systèmes pour lesquels les incertitudes et les perturbations sont faibles et quantifiables. C'est ce qui explique la formidable réussite des sciences occidentales dans tout ce qui relève de la mécanique, de ses modèles appliqués en astronomie, en physique macroscopique et microscopique, et de leurs applications techniques, des systèmes électro-magnétiques, des systèmes automatiques, robotiques etc. Elle a permis d'élargir l'espace des connaissances spatio-temporelles dans toutes les directions, contre les simplismes cosmogoniques, religieux et mythologiques (encore que ! On ferait bien d'être prudent dans ce genre de propos, parce qu'en creusant, on aurait des surprises !)
  • Mais on sait que l'approche strictement mécanique est plus faible, malgré des modèles statistiques efficaces, pour traiter des systèmes turbulents, fluides, en déséquilibre thermodynamique, comme peuvent l'être la météo, la physique des fluides et un nombre croissant de sciences qui traitent de l'imprévisibilité, des singularités et du chaos.
    Dès qu'apparaissent des solutions non linéaires dans les équations, les sciences sont obligées de faire des approximations, des simplifications, voir d'introduire des hypothèses dites "ad hoc" pour cacher les difficultés. On connaît cela en physique quantique (incapable de résoudre les équations au-delà des atomes simples), en cosmologie (qui maintenant est traitée par des modèles fluides), etc. On sait la réaction d'Einstein (d'esprit totalement géométrique), mécontent quand le mathématicien Friedmann et quelques cosmologistes ont découvert que les équations de la Relativité Générale avaient des solutions instables et non linéaires.

N'en rajoutons pas en ce qui concerne les idéologues scientistes qui traitent des êtres vivants, des comportements psychologiques ou symboliques, des systèmes sociaux... Chaque époque apporte son lot de rêveurs positivistes (1) : au XIXème siècle, Laplace pensait expliquer toute la nature à partir de la position instantanée et de la quantité de mouvement de tous les objets dans l'espace ; au XXème, les généticiens pensaient tout expliquer du monde vivant à partir de la structure et des fonctions des gènes ; au XXIème siècle, les cybernéticiens ou informaticiens pensent expliquer les arcanes du cerveau à partir du fonctionnement de l'ordinateur.

2010-04-19-crue rhône
En fait, ils n'en décrivent que la moitié : celle qui est proche de l'équilibre, celle qui est "linéarisable". Et celle qui peut conduire à un développement technologique et commercial. Celle qui transforme les torrents de montagne en canaux et les forêts en parking de bitume. L'autre moitié garde son imprévisibilité. On peut prolonger cela en ce qui concerne l'avenir de la Planète et le questionnement écologique.

  • Michel Serres a démontré que la physique aurait pu aussi naître de la pensée du philosophe latin Lucrèce : les systèmes naturels naissent au coeur d'une fluidité, faite de hasard, d'imprévisibilité, de trajectoires non linéaires. Tout un courant scientifique actuel s'est engouffré dans cette direction : théories du chaos, des fractales, de la thermodynamique non linéaire, des bifurcations, des attracteurs étranges... avec quelques âneries autour de l'Effet Papillon par exemple (2). L'ordre et les organisations surviennent au coeur du désordre ; et non : le désordre est une perturbation de l'ordre.

En fait, les deux perspectives sont vraies : elles sont à la fois contradictoires et complémentaires. L'une, mécanique, calqué sur le modèle du Soleil et des planètes, met l'accent sur l'ordre, la géométrie et la construction ; l'autre, énergétique, calqué sur le modèle d'une rivière turbulente, met l'accent sur la fluidité, l'imprévisibilité, les interactions non linéaires, les tourbillons et le tout statistique. Complémentaires, car chacune appelle l'autre pour rendre compte d'elle-même : la première a besoin des calculs d'incertitude pour être physique et concrète ; la seconde est obligé de faire appel à des modèles mathématiques statistiques pour être reconnue comme représentation scientifique.

Quant aux êtres organisés, vivants et autonomes, ils jouent comme des enfants dans une cour de récréation, au sein d'un jeu entre hasard et nécessité (3). Les Chinois voient peut-être mieux que nous avec leur Tao (le Yin et le Yang), plus proche du concret que nos magnifiques architectures occidentales abstraites et technologiques (si inhumaines).

Alors le mystère de l'univers, des vivants ou de l'existence humaine elle-même serait-il du même domaine que celui des jeux ? la nature s'amuse-t-elle ? (à des jeux dramatiques, parfois, je le reconnais) ? (4)


Revenons à notre pilote de ligne : pour que la mégamachine technique de l'aéronautique ne soit pas menacée par cette imprévision volcanique, il va invoquer le dieu de la mécanique universelle. Bien "joué" !

 

 

(1) Il y a deux sortes de folie : celle de défaut de raison, et celle d'excès de raison. Il faudrait relire Foucault, de temps en temps !

 

(2) L'effet papillon est un développement théorique et abstrait de la théorie du chaos. Dans des systèmes complexes, il est noyé dans les différents croisements statistiques. On ne peut en faire un principe d'explication : le volcan d'Islande n'est pas un effet papillon, pas plus que l'arrivée de Bonaparte au pouvoir !

 

(3) Jacques Monod a eu un mal fou à se dépêtrer de la dialectique hasard-nécessité dans l'ouvrage du même nom... et lui, le parfait positiviste, en est arrivé à exprimer des positions métaphysiques et éthiques qu'il critiquait lui-même.

 

(4) Pour ne pas sombrer dans une vision tragique de l'existence, comme celle du théâtre grec et de bien des mythologies, défendons la liberté de rire ! Personnellement je crois que la comédie est plus profonde que la tragédie, car la liberté et le rire sont plus fondamentaux que le déterminisme du Destin ou la nécessité mécanique : cela pourra faire l'objet d'une autre chronique de ce blog.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
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