Identité

" Je ne peux rien pour qui ne se pose pas de questions " (Confucius)
Mardi 24 mars 2009 2 24 /03 /2009 15:50
Depuis le séjour effectué dans le désert, je suis de bonne humeur, je ris, je chante, j'essaie de goûter l'instant présent (Inch-Allah !) et de partager mes émotions, mes passions et mes sentiments avec ceux que j'aime (et parfois même avec ceux que j'aime un peu moins). Ces temps-ci, je fréquente beaucoup d'artistes ou des amoureux des arts, des musiciens, des chanteurs, des écrivains, des lecteurs ou des praticiens et passionnés d'art graphique.
Dans le monde des artistes, on peut discerner sans trop catégoriser quand même, ceux qui s'amusent et ceux qui se prennent au sérieux.
Jusqu'ici, une petite déformation sophistique avait tendance à me pousser à être intimidé par les gens sérieux, surtout dans des domaines aussi sérieux que sont les musiques sérieuses, les arts sérieux, la littérature sérieuse, et plus encore quand il s'agit de baroque sérieux, de classicisme sérieux ou de romantisme sérieux ou de métal sérieux.
Par déviance, il me prenait à penser que plus on est sérieux, plus on est sage et compétent.

Seulement aujourd'hui, c'est plus fort que moi, que ce soit pour une répétition de musique ou une réunion littéraire par exemple, j'ai envie de rire, de chanter, de danser et de plaisanter. Or curieusement, je me suis rendu compte ces derniers jours que le flux va dans l'autre sens (par rapport à ce croyaient mon ego et ma naïveté naturelle) : je ne deviens pas sérieux au contact de gens sérieux, mais l'inverse : parce que je ne les prends pas au sérieux, nos artistes sérieux commencent à se détendre, puis à rire et même à plaisanter... et à plaisanter sur eux-mêmes !
Banalité, vas-tu me dire, cher lecteur ! Et bien oui, banalité.

Banalité de la vie. L'énergie va toujours du plus vers le moins,
dit le second principe de la thermodynamique. c.q.f d

PS. Pour les Rhônalpins (Isère, Ain, Savoie, suisses etc.), je joue Chopin à Belley le vendredi 27 Mars, à la Salle des Fêtes (Centre Ville), je ne sais plus à quelle heure exactement. Plutôt que de regarder des âneries à la télé ou lire des blogs bavards sur internet, venez. Vous êtes les bienvenus.
Par Nicorazon - Publié dans : cogito "ego" sum
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires - Partager    
Vendredi 20 mars 2009 5 20 /03 /2009 10:57
Le blog présent va changer un peu d'orientation. À l'origine, il désirait rester sur le terrain de la philosophie, de la théologie, de la spiritualité, lus à travers des concepts et un esprit analytique.. Mais des événements récents de ma vie l'invitent à évoluer.
Edgar Morin écrit dans un de ses ouvrages sur l'avenir de la Planète que l'amour est le grand oublié de la pensée politique et philosophique. J'ajouterai volontiers "de la pensée politique et philosophique française". Tous ces temps-ci, j'ai relu René Girard, découvert jean-Pierre Dupuy, feuilleté Jankélévitch et Merleau-Ponty... Si on ne parle pas forcément d'amour chez ces auteurs, sauf le premier, en revanche, on y démasque son négatif, à savoir les jeux pas très subtils, voire lourdingues, entre le pouvoir, l'organisation sociale, religieuse, et les flux de jalousies, envies et désirs de possession de toutes sortes. Edgar Morin a bien raison : tout cela ne sonne pas juste.
  • Or les temps changent et les temps doivent changer. La Planète, d'un point de vue énergétique et extensif, a un horizon limité. Réduire la finalité des hommes et les femmes à posséder, à se posséder comme des objets de manipulation, à s'entourer de sécurités fétichistes et matérialistes, à s'enfermer derrière des clôtures, à consommer n'importe quoi, est une régression infantile. Je ris, noir ou jaune, quand j'entends dire que la "croissance", c'est la consommation. Entendez, consommation de gadgets.
  • Là dessus, je vois partout autour de moi des gens stressés dans leur boulot, harcelés moralement et parfois plus, le nez dans le guidon ou dans le dérailleur plein de cambouis... et j'entends un de mes proches, qui était il n'y a pas si longtemps un torrent de rires et de joie de vivre, et qui aujourd'hui subit des pressions humiliantes dans son travail, me dire au téléphone : "pour évoluer et grandir dans la vie, il faut traverser des épreuves, il faut souffrir". Décidément, il est des vieilles malédictions qui ont la peau dure ! C'est cela, la finalité de l'existence humaine ? Pour produire quoi ? Entendez, production de gadgets.
Non, la grandeur humaine est de rencontrer l'autre, l'autre immédiat et l'autre lointain, et de le faire vivre. Non l'autre comme un objet à posséder et à consommer, mais comme un sujet, et même plus, comme un être aux dimensions spirituelles, ouvert sur plus grand que soi, capable de créer. L'espace ici est immense, et sans aucun doute inexploré ou très peu exploré... L'espace de l'amitié, de l'amour, de la rencontre, du vrai voyage qui est celui des explorateurs de l'âme, de la sensibilité et de l'imagination créatrice. Les artistes, musiciens, poètes, peintres, le devinent et le vivent. Les mystiques et les sages aussi. J'aime certaines dimensions d'internet pour cela : on y trouve toujours des raisons d'admirer. Il n'est pas interdit non plus de le penser du point de vue économique. Toujours Whitehead (mon maître à penser) et toujours Teilhard (excusez-moi si je retourne souvent à lui) : à quand la révolution de la sensibilité, de l'amour et de la confiance ? Ne souriez pas, c'est une question de vie et de mort de la Planète et de l'humanité.
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires - Partager    
Jeudi 5 mars 2009 4 05 /03 /2009 20:09
Je reviens donc d'une expérience magnifique au Maroc, avec des berbères et une méharée de 18 européens. Je suis embauché dans un centre de théologie chrétienne pour travailler sur des questions de société. J'ai enseigné récemment dans un lycée talmudique juif. Mon épouse et une de mes filles viennent d'aller voir un spectacle dansant et chantant truffé de traditions religieuses et de couleurs de l'Inde. Mes meilleurs amis sont agnostiques, un peu new age, athées, évangéliques, vivants, divorcés, mariés, artistes, ingénieurs, commerciaux, chômeurs...
  • Tout cela traduit un tourbillon de valeurs, de sensibilités, de représentations du monde qui s'entrecroisent entre elles et qui démontrent la richesse de la Noosphère.
Et cela réinterroge les petites crispations et torsions personnelles.
  • Je pense à l'idée que je me faisais de l'expression "Inch'Allah". Influencé par un monde occidental qui vit de projets et de projections, d'organisations et de mécanismes, de déterminismes et d'autonomies, d'appels à la responsabilité et de discours de culpabilisation, de bilans et de statistiques, j'interprétais cette belle expression musulmane dans le sens d'une soumission défaitiste au Destin.
Lors d'une de nos marches dans le désert, une participante vit dans le lointain deux arbres sur une dune, à l'horizon. Elle affirma au conducteur de la caravane, Mohammed : "c'est là-bas sous les arbres que nous allons manger ce midi, bien sûr. Non ?" Mohammed répondit avec un petit sourire : "Inch'Allah !". Et de fait, nous n'avons pas du tout mangé là !
Mohammed, avec humour et bonne humeur,  indiquait tout simplement à mon amie qu'elle devait lui faire confiance dans le désert et ne pas projeter ses visions fugitives. "Inch'Allah" signifie plus largement : "je fais ce que j'ai à faire" et si les événements ne suivent pas ce qui est projeté, eh bien, je les accepte comme des cadeaux, des surprises ou des ouvertures.

  • Le "Inch'Allah" de notre guide berbère,  rayonnait une confiance à la vie et une écoute des événements, en compagnie de ceux qui ont plaisir à marcher.
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires - Partager    
Lundi 23 février 2009 1 23 /02 /2009 16:48
Le propre de l'infini, disait le mathématicien Cantor, est d'être égal à ses parties. En d'autres termes, l'infini n'est pas seulement dans les immensités et les étendues, il se rencontre aussi dans des figures ou des événements très particuliers.
Je reviens du désert, au sud de Zagora, au Maroc. Au coeur d'un groupe de 18 personnes dont mon frère Laurent, avec le soutien de sept berbères magnifiques, nous avons traversé montagnes de pierre, dunes de toutes les couleurs, dormi sous une étincelle d'étoiles...
J'y étais parti pour alimenter une aspiration spirituelle ancienne et intense et je voulais toucher quelque signe de l'absolu et de l'infini. Propos bien prétentieux et quelque peu pompeux que j'ai en plus proclamé au groupe, au départ, et que j'ai même eu l'imbécilité d'écrire dans la lettre de motivation que nous demandaient les organisateurs de l'équipée, Pierre et Anouchka.
  • Au bout de trois jours, le désert m'ensorcelait, mais brusquement quelque chose a basculé : je n'étais pas seul dans le désert, et sa beauté infinie n'était pas uniquement dans l'espace, les splendeurs qu'il déployait, la vie qui y émergeait çà et là comme un défi au sable envahissant. Elle était aussi dans les figures et les visages de mes compagnes et compagnons d'aventure dont toute la richesse intérieure, forte ou fragile, se révélait au fur et à mesure que nous cheminions. Jamais dans ma vie, me semble-t-il, je ne m'étais tant aperçu (autrement que dans le discours) que chaque instant, chaque petit événement, un mot ici, une étreinte là, un rire ou un sourire, un regard, un frémissement d'émotion, pouvaient être imprégnés de tant de puissance et de vérité. Comme dans un océan calme et profond qui reflète les couleurs du ciel et du soleil, l'autre, les autres, me révélaient à moi-même.
Les anciens parlent souvent du désert comme d'un lieu de rencontre de soi à soi. Parfois, cela fait un peu égocentrique, voire narcissique. Ici, le Soi s'est rencontré dans l'amitié et les regards. Oui, Cantor a raison, l'infini et l'absolu sont aussi dans les occasions et les événements les plus infimes et les moins visibles...
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires - Partager    
Lundi 9 février 2009 1 09 /02 /2009 18:44
Un commentaire d'un Monsieur Jean Dujardin me demande pourquoi j'entretiens ce blog (*) ... autour notamment de mes promenades à pied que je nomme "petite philosophie de la marche". Voici quelques éléments d'éclairage :

- Il s'agit de relater quelques émotions à travers la marche... Un certain nombre de mes amis apprécient, me connaissant personnellement.
  • En effet, je suis handicapé physique (une jambe artificielle, une grave maladie évolutive -heureusement stabilisée depuis une quinzaine d'années- et quelques autres infirmités parasites dérivées de cette expérience blessée). J'apprends à savourer l'instant présent et le simple bonheur d'exister... La marche est un de ces lieux où ce goût d'exister est sensible.
  • Les articles qui suivent, concernant la marche (dont plusieurs sont déjà écrits) seront un peu plus philosophiques et conceptuels.
- Quant aux autres articles, voici ce que je peux dire : dans la mesure où je travaille dans un centre de recherche éthique, spirituelle et philosophique, je risque ma propre méditation à ceux qui acceptent de la lire sans a priori, avec bienveillance et amitié de préférence. De plus, les acquis de cette méditation m'ont été explicitement demandés dans divers lieux...
  • Plusieurs proches m'ont fait la remarque que je me cachais souvent derrière des auteurs et des thèses sans me risquer personnellement. Ce n'est pas tout-à-fait vrai, puisque la référence à un auteur signifie aussi qu'il a fait partie de mes choix de lecture.
  • Cette attitude est une précaution, ou une prudence, car j'estime qu'il est dangereux de s'aventurer sur un terrain périlleux sans d'abord consulter ceux qui l'ont déjà fréquenté. Cette déontologie, je me la suis imposée à une époque où je donnais des cours en fac : ne pas critiquer un auteur qu'on n'a pas lu.
  • Toutefois, la remarque n'est pas tout-à-fait fausse ou infondée non plus, sous l'angle d'une lecture rapide. Je l'entends. Donc par doses homéopathiques, j'expose quelques unes de ces perceptions personnelles.
- Cela dit, ma réflexion de fond est bien au-delà des articles de ce blog. Mais en raison du nécessaire travail sur les concepts, je ne la propose pas ici : je la réserve à mes livres (déjà publiés ou en cours de rédaction), à des articles et à des conférences. Toutefois je suis soucieux à la fois de rigueur intellectuelle (donc une guerre aux intégrismes, aux racismes et aux rationalismes de tout poil) et d'ouverture à la créativité, la musique et à la poésie de l'être, de ses apparences (parce que la vérité est du domaine des signes -et non des idées-, de l'infini et de l'insaisissable -et non de la représentation et des schémas)...
Ce que j'écris de Kandinsky, de Schöenberg ou de Jankélevitch a plus de poids que les spéculations conceptuelles

Un blog n'engage à rien. Je pourrais le faire disparaître si nécessaire. Je l'ai déjà fait une fois après deux ans de fonctionnement : je commençais à être enfermé dans mes propres expositions.

Je signale aussi que j'ai créé un site de réflexion philosophique il y a dix ans : http://nderauglaudre.club.fr. Je le retouche de temps en temps car certains points de forme et de fond vieillissent. Mais globalement il est plus stable que le blog.

Merci Jean.


(*) Voir article sur "petite philosophie de la marche - 3"
Par Nicorazon - Publié dans : cogito "ego" sum
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires - Partager    
 
Créer un blog gratuit sur over-blog.com - Contact - C.G.U. - Rémunération en droits d'auteur - Signaler un abus - Articles les plus commentés