Identité

" Je ne peux rien pour qui ne se pose pas de questions " (Confucius)
Jeudi 16 avril 2009 4 16 /04 /2009 19:38
Cela fait longtemps que la peinture de Kandinsky me séduit. Mais je ne suis pas peintre et je ne savais pas pourquoi. Le journal "Télérama" vient de sortir un numéro spécial sur le peintre russe. Je l'ai avalé goulûment sans rien rater du moindre petit commentaire... Je comprends infiniment mieux l'attrait qu'il exerçait sur moi.
  • Place du Marché de Murnau (1908) D'abord, Kandinsky est un homme passionnant et attachant, comme le sont souvent ces artistes russes, épris de leur pays, et marqués par la culture occidentale. J'aime les personnes libres, critiquées -voire menacées- à la fois par le "socialisme réel" -léniniste, stalinien ou ultérieur- (individualisme bourgeois !), par les nazis (peinture décadente !) et par l'esprit académique (incompétent !). Les positions de Kandinsky, à contre courant de la pression des modes intellectuelles et politiques, sont courageuses. Ce fut aussi un grand amoureux de la vie et des femmes, notamment la peintre Gabriele Münter et surtout Nina avec laquelle il avait trente ans d'écart et qui l'accompagnera et l'inspirera jusqu'à la fin de ses jours. Cherchez toujours la femme cachée derrière le génie...
Kandinsky est l'inventeur de la peinture abstraite. Il ne s'agit pas d'une peinture formelle, même si le travail sur les lignes, les formes et les couleurs, est considérable. Non, il s'agit d'une abstraction spirituelle, et il revendiquera dans ses écrits cette vision. Il s'affranchit de la gravitation et des systèmes de référence. Les figures et les couleurs flottent, volent même... Je suis très sensible à la danse : les toiles de Kandinsky ont quelque chose de bondissant. composition 7 (1923)
  • Une chose que je n'avais pas remarquée auparavant (et que ne relate pas Télérama), c'est que la peinture de Kandinsky révèle un relief qui ne relève pas de la perspective. J'ai toujours été attiré par la théologie négative, celle de la nuit étoilée : l'être se manifeste comme les étoiles dans la nuit, celle des signes scintillants qui permettent de se repérer sans imposer leur éclairage. Dans le désert du Maroc, un soir que je la contemplais, la voûte étoilée a soudain pris un relief tel, que je me suis senti aspiré par le tourbillon cosmique. Le fond des toiles de Kandinsky, à la différence de mon sentiment intime, est assez souvent lumineux ou d'une couleur vive et marquée. Non d'une lumière qui viendrait d'une source repérable, mais d'une lumière qui semble venir de l'infini. Les formes et couleurs qui surgissent dansent sur la lumière, un peu comme un spectateur qui regarderait une chorégraphie du dessus de la scène. Il renverse et complète ma vision apophatique, signes sur fond de nuit. Je n'ai pas été surpris que le peintre russe soit resté fidèle à la spiritualité orthodoxe russe, spiritualité de la lumière et des énergies divines.
Improvisation 31 J'ai découvert sans trop m'en étonner non plus, la complicité de Kandinsky avec la musique de son temps. Il fut longtemps ami avec Arnold Schoenberg, et ils entretinrent une correspondance durant plusieurs décennies.

  Si vous le désirez, j'ai créé une petite animation en flash : cliquez sur ce lien-ci
ou sur l'image ci-contre

attendez SVP
(l'animation fait 5 Mo)


  • - Imaginez-vous assis dans la nature, dans un incommunicable instant de vie
  • - en contemplant quelques effets autour d'une composition et d'une improvisation de Kandinsky -au fond bleu-
  • - en écoutant la 9ème des sublimes "variations pour orchestre" de Schoenberg (que je considère comme un des plus grands chefs d'oeuvre de la musique)
  • -... animation qui se terminera dans un jardin
Merci !
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village
Ecrire un commentaire - Voir les 5 commentaires - Partager    
Mercredi 8 avril 2009 3 08 /04 /2009 10:11

Suite des aventures dans les dunes de Zagora. À LIRE AU SECOND DEGRÉ

Nietzsche, dans un des plus célèbres aphorismes de "Zarathoustra", utilise une métaphore du chameau -donc du dromadaire- (assez percutante, il faut le reconnaître), pour désigner une typologie humaine qu'il n'aime pas... mais qui ne correspond pas à la réalité. Bref, d'après notre ami Friedrich, le chameau ou le dromadaire, est l'animal qui ne vit que par ses muscles, qui s'agenouille et s'humilie pour se charger du fardeau des autres. Oui, Friedrich, il y a un peu de cela, vu d'Allemagne ou d'Italie du Nord.

  Je ne lui en veux pas : j'ai vérifié. Nietzsche ne s'est rendu ni au Maroc, ni au Mali, ni en Arabie, ni dans aucun désert du monde, sinon celui de son coeur
  • Ceux qui me connaissent savent que j'aime Nietzsche parce qu'il dit tout haut ce qu'on n'ose pas penser tout bas. De plus, c'est un homme qui a souffert, des amitiés passionnées brisées, des passions pour des femmes fatales, et perte de la raison de la fin de sa vie. Tous ceux qui sont un peu poètes sont sensibles au philosophe allemand. Cela dit, la lecture de Nietzsche, aussi émoustillante soit-elle, est quelque peu toxique, comme une drogue dure : pour me désintoxiquer d'une page du philosophe allemand, j'ai besoin de lire plusieurs Tintins, quelques chapitres de la Bible ou de la Kabbale, dix bons romans policiers, regarder cinquante "petits journaux" de Canal plus, écouter cent fois le "Pierrot Lunaire" de Schöenberg, faire mille méharées au Maroc ... et encore ! Il restera toujours quelque chose d'un peu vénémeux .
Revenons à nos chameaux et dromadaires. Le dromadaire ne s'agenouille pas, sinon pour une séquence intermédiaire, entre la position debout et la position couchée. Il s'aplatit sur le ventre pour se reposer. Il regarde avec bonhommie l'agitation des bipèdes autour de lui. Il garde la tête droite et autoritaire, sans nullement s'humilier.

Quand il se lève, il le fait en trois temps, c'est-à-dire avec la sagesse de passer d'une activité à l'autre par étapes progressives. Une première fois l'avant, une seconde fois l'arrière, une troisième fois l'avant. Il faut être bien accroché pour ne pas valdinguer au-dessus de la bosse, tel le cowboy emporté dans un rodéo. Il proteste parfois, mais pas plus que nous-mêmes, dans notre insondable sagesse, au réveil du matin... en trois temps : d'abord le dos dans le lit... on se frotte les yeux, on baille en râlant car on resterait bien encore dormir ; puis la rotation de pi sur deux pour s'asseoir au bord du lit et vérifier en maugréant l'exactitude de l'heure sur le réveil ; et enfin la position debout en poussant des soupirs :  "vivement ce soir !" (ordre des séquences non garanti pour tout le monde). Alors pourquoi le dromadaire n'aurait-il pas droit lui aussi à des états d'âme bougons quand on l'invite à se lever ?

Si le dromadaire porte les fardeaux des autres, il ne semble pas en être gêné. D'ailleurs, ce n'est pas lui qui se charge, ce sont les autres qui le chargent. Lui, il est costaud et rend service. Les berbères lui en donnent crédit et sont particulièrement attentionnés envers lui : pas une brutalité inutile,quelques mots brefs et fermes, beaucoup de délicatesse, de cette finesse de l'équilibre entre devoir (marcher) et plaisir (fourrer sa tête dans un buisson pour manger). Et encore, il aime marcher.

C'est donc parti.
La démarche du dromadaire est singulière. En comparaison avec le rythme du pas occidental moyen, celui du marcheur dans la rue ou dans les couloirs du métro, sa déambulation est déstressante. Que l'on savoure le plaisir du balancement sur la bosse ou que l'on marche à ses côtés (voir vidéo ci-dessus), toute la sensibilité ralentit, s'élargit, se dilate.Le dromadaire, muni de longues jambes droites et de sabots qui se moulent au contact du sol, adopte un tempo calme, songeur, deux fois plus lent que celui du pas des vulgaires bipèdes (ou quadrupèdes métalliques) que nous sommes. Tout ralentit. Une marche où on avance vite en ralentissant ! Étonnant, non ? Le dromadaire ne regarde pas le sol, il fixe l'horizon, fait remarquer le responsable de la méharée. Non seulement son pas épouse les reliefs et les aspérités des pierres et du sable, mais son allure noble, tête en avant tournée vers les dunes lointaines, embrasse tout le désert. Waouh !
  • Voici une dune assez raide à franchir. Accrochons-nous. Le dromadaire s'arrête, hésite, prudent : il pense à son précieux chargement. Sympa. Le berbère qui le conduit tire un léger coup sur la corde et le voilà qui dégringole la pente avec autorité. Cris et rires garantis pour celle ou celui qui le chevauche.
traboule lyonnaise Dans les dunes, ceux qui marchent s'amusent parfois à dévaler les pentes en courant ou en se roulant par terre. Liberté du désert. Je me vois mal dévaler en cabrioles les escaliers de Montmartre ou ceux des traboules de Fourvière. Pour deux raisons : d'une part, je me ferais mal. Avez-vous remarqué qu'en ville, si vous ne marchez pas comme les autres citadins, vous recevez des coups et risquez sans cesse votre peau ? Je reviendrais sur ce thème dans un prochain article. D'autre part, je choquerais les âmes bien pensantes... Et les touristes japonais, belges, texans ou marseillais, ajouteraient une couche de plus à l'idée que décidément les français sont complètement givrés. Quand on marche, gambade, roule en galipettes dans les dunes, on ne se blesse pas et on rit comme des fadas.

Tout cela sous le sourire et la protection bienveillante des seigneurs des sables, les dromadaires, et de leurs complices nomades (berbères dans mon expérience...).



Je donne tort au philosophe allemand. Si le dromadaire semble, vu de loin dans l'imagerie imaginaire de nos imaginations, être humilié, lourd, et assujetti aux nomades, c'est lui, en réalité, qui domine la situation dans la marche, dans la tenue, dans le service qu'il rend, dans la sérénité de son allure et de son élégance.


(à suivre)
Par Nicorazon - Publié dans : cogito "ego" sum
Ecrire un commentaire - Voir les 9 commentaires - Partager    
Dimanche 5 avril 2009 7 05 /04 /2009 10:01

Petite philosophie de la marche : premier épisode.


Certains de ceux qui lisent ce blog savent que la vie m'a privé de la jambe droite depuis l'âge de 18 ans. D'autres ou les mêmes savent que depuis quelques semaines, je prends plaisir à la marche à pied. Je possède un triple avantage sur tout le monde : une prothèse électronique (qui a coûté très cher à la Sécurité Sociale et que je suis le premier à porter en Savoie) et deux cannes anglaises que j'ai décidé d'adopter pour les grandes marches. Quatre points d'appui pour un centre de gravité muni d'un meilleur espace de sustentation. Pauvres petits êtres organiques que vous êtes, qui n'avez que deux misérables jambes corruptibles.

Ce samedi matin, je décide d'explorer un petit chemin repéré à moins de trois cents mètres de la maison. Il descend dans la forêt et s'enfonce au milieu de feuillus. On va essayer de voir où il mène. C'est parti. Je chemine dans la terre, sur les cailloux, je patauge dans la boue. Survient une grande clairière, puis me voici au milieu de grands arbres, à flan de coteau. Un bruit de cavalcade : deux chevreuils traversent juste devant moi à fond la caisse. Cinq mètres plus loin, ils me rentraient dedans et je basculais dans le vide. Ce sont des chevreuils délicats ! Ils respectent de code de la route de la forêt. À moins que ce ne soient des chamois, il paraît qu'il y en a quelques uns dans le coin. Nous sommes au printemps : un mâle et une femelle, sans doute. Je n'ai pas réussi à voir lequel poursuit l'autre.


Tout joyeux, j'avance au coeur de la forêt. Le chemin se sépare en deux : l'un monte, l'autre descend.


Je m'engage dans celui qui descend. Mauvais choix, il se perd, je me perds au milieu des bois. Et la pente devient raide, presque verticale. Je pense à mon frère qui s'est tué dans la montagne des Pyrénées il y a un an et demi. Bon, pas de danger ici : il y a de la végétation, plein de feuilles mortes et de primevères pour amortir. Je dégringole sur le derrière et me voici en bas, face à deux bras de torrents. Ça alors ! Le petit torrent qui passe derrière la maison s'est ici considérablement élargi. Je ne l'avais jamais remarqué ! Comment le traverser ? Oh, un arbre couché au-dessus : je grimpe, l'enfourche et traverse le torrent centimètre par centimètre à califourchon sur le tronc couvert de mousse. Pourvu que je ne bascule pas : un gros plouf deux mètres en dessous dans une eau glaciale.


Ça y est, franchi. Un sentier longe la rivière entre les deux bras. Je décide de le remonter. Au bout de quelques minutes, je me trouve devant une écluse qui relie les deux torrents. Pour la traverser, une planche : me voici en train de jouer les funambules et cette fois, il ne s'agit pas de tomber. L'eau circule entre deux murs de béton.


Revoilà le sentier, très large. Il n'est pas entretenu. Apparemment jamais personne ne passe par là. Des arbres abattus par la neige de cet hiver barrent la route. J'escalade les souches. Des arbustes et des buissons mal taillés gênent les pas. Incroyable : je suis dans un vallon encaissé, boisé, loin de tout. Pas un bruit de moteur, pas un poteau électrique, pas une habitation... Des chants d'oiseaux, quelques bruissements de branches dans le vent et l'éternité de l'eau qui coule sans demander la permission à personne. Je guette l'apparition éventuelle des deux chevreuils qui doivent se cacher quelque part pas loin. Le sol est couvert de jonquilles. Quelqu'un viendrait les cueillir et les revendre pourrait se faire plusieurs centaines d'euros en quelques heures.

Photo de René Le sentier rejoint l'autre torrent et semble vouloir le traverser. La rivière fait plus de dix mètres de large. Pas de crocodiles, ni d'hippopotames, encore moins de piranhas en vue. Pas de paparazzi non plus. C'est bon : j'enlève ma chaussure, je bloque la prothèse en équilibre en l'air pour ne pas la mouiller, et voici une curieuse bestiole à quatre pattes, dont trois en métal et une en l'air, en train de franchir un torrent glacé, au niveau du genou, sur des pierres et des algues glissantes. Je manque dix fois de me "viander", comme disent les enfants.


Ouf, je m'assieds de l'autre côté et m'assoupis dans l'herbe au milieu des ours, des loups, des lynx (si ! si !), des lutins, des sirènes, des araignées et des fourmis rouges, des dahus (on en a vu quelques-uns dans le coin, ces derniers mois), des hobbits et des elfes.

J'ai soif. Je bois un peu d'eau de la rivière non encore empoisonnée (Ami Geronimo, il ne faut pas désespérer).


Il faut repartir. Ah, le sentier traverse de nouveau le torrent. Moins large, mais plus profond. J'ai l'expérience maintenant. L'eau glaciale est un plaisir. Ensuite la pente devient plus raide, les deux bras du torrent se sont rejoints. Le chemin devient plus acrobatique. Plusieurs fois, il suit le torrent en ravine verticale, le rebord couvert de terre et de gadoue. Il ne faut pas glisser, c'est une chute assurée de cinq à six mètres, plouf, dans le torrent. Soudain, je vois de l'autre côté une grosse ferme : mais d'où vient-elle celle-là, je ne l'avais jamais remarquée. Et puis revoilà la civilisation : des fils de fer barbelés. La prochaine fois, j'emmène une cisaille. Le sentier remonte le long de l'eau. Personne ne passe vraiment jamais par là, ma parole : je dois escalader des troncs d'arbres, des souches, des branches. Je transpire et la respiration est violente et joyeuse.

Le sentier débouche sur une prairie arrondie sous un lotissement de petites maisons non reconnaissables, au milieu de bouses de vache durcie par l'hiver. La poésie de la nature n'a pas de limites. J'arrive sur une route. Mais où suis-je ? Stupéfaction : c'est la route qui passe devant la maison. Je suis très exactement à moins de cent mètres de chez moi. Encore plus proche que le chemin pris le matin. Jamais auparavant, je n'avais remarqué ces sentiers, cette prairie. Et le lotissement ? C'est celui qui est juste au-dessus de chez nous.


Arrivé à la maison, en bon disciple de Descartes, je saisis une carte IGN au 1/25000. Je mesure avec un compas. Je me balade sur internet et regarde Google Earth : je viens de marcher plusieurs heures en pleine nature, accompagné de la seule musique de la forêt, de l'air et d'une rivière, sans m'éloigner de notre maison de plus de deux kilomètres à vol d'oiseau ! Depuis quinze ans que nous habitons Novalaise, je n'avais jamais découvert ce trésor caché. Et il y en a plein d'autres dans le coin !


(Suite de la petite philosophie de la marche dans un prochain article)

Par Nicorazon - Publié dans : cogito "ego" sum
Ecrire un commentaire - Voir les 4 commentaires - Partager    
Vendredi 3 avril 2009 5 03 /04 /2009 11:09
« Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas... », a dit Geronimo, chef apache de la fin du XIXème siècle. Geronimo
Un clin d'oeil aux westerns de nos enfances (Geronimo, Cochise, apaches, commanches et les autres étant souvent les méchants indiens contre lesquels luttaient les gentils cowboys).
...et du bon sens, qu'on n'espère jamais réalisé dans son prophétisme.

Bon, je sais, ces petites phrases, c'est facile... mais j'entendais encore hier sur une radio nationale un économiste défendre l'économie financière comme un but en soi...
jusqu'à ce qu'un sage (un jésuite, en l'occurrence) lui rappelle que l'argent est au service des hommes qui ont besoin de bouffer, de se vêtir, de se loger ; au service de la nature, de la société, de l'économie...
et non l'inverse.

Apparemment, les politiques commencent à se bouger à 20. Quand nous serons 6 ou 7 milliards à bouger dans le même sens -sans frénésie, SVP, et avec respect les uns des autres-, le sourire de Geronimo reviendra peut-être ?
Par Nicorazon - Publié dans : Planète village - Communauté : Théologie et écologie
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires - Partager    
Vendredi 27 mars 2009 5 27 /03 /2009 09:42
Lire ou relire Wladimir Jankélévich est un enchantement.
  • La moitié de l'oeuvre du philosophe franco-russe est consacrée à la philosophie, l'autre à la musique. Je l'ai découverte à l'âge de 24 ans par le second volet, la musique. Et j'ai (pas suffisamment) lu son oeuvre philosophique plus tard. J'en profite de nouveau maintenant.
Jankélévitch est le penseur du "mystère de l'instant", de ce "je ne sais quoi" ineffable qui fait toute la beauté du réel, de l'amour et de l'existence. Je l'ai goûtée récemment, cette beauté, dans les dunes de Zagora. Inch'Allah. Le secret du bonheur et de la vie est dans la musique du présent. Dans l'instant continué, on perçoit la puissance du devenir, très loin des constructions intellectuelles, p rojectives et scientifiques. Oui, je sais, c'est compliqué... mais je le vis quand je passe dix minutes à extraire le plus joli son possible écrit sur une partition, en décryptant une mesure de cinq notes, ou sur la simple harmonie d'un accord... Je l'éprouve assis à la terrasse d'un café seul à observer les passants, ou en compagnie de gens que j'aime avec tendresse. Et je l'ai découvert dans le bonheur de la marche (j'y reviendrai dans un article ultérieur), ce qui pour une personne handicapée est une gageure et une victoire.
Jankélévitch est par ailleurs impitoyable à l'égard des sophistes et de ceux qui cultivent la duplicité comme art de séduire ou comme moyen pour parvenir à des fins de pouvoir (notamment au XVIIIème siècle, dans les Cours : penser au film "Ridicule" - mais c'est valable à toutes les époques). Goûter l'instant présent n'interdit pas la vigilance.
  • Seul hic : pourquoi faut-il que ces merveilleux philosophes soient aussi compliqués à lire ?
Juste une invitation : essayez de lire quelques lignes de Jankélévitch de temps en temps. Ce n'est jamais du temps perdu.
Par Nicorazon - Publié dans : Penser autrement
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires - Partager    
 
Créer un blog gratuit sur over-blog.com - Contact - C.G.U. - Rémunération en droits d'auteur - Signaler un abus - Articles les plus commentés