Buissonnement de la vie

Jeudi 24 juin 2010 4 24 /06 /2010 15:36

 

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Il y a longtemps que je n'ai pas marché et surtout que je n'ai pas écrit de petite promenade philosophique.

Le Soleil arrivant enfin sur l'Isère, après des semaines de pluie et de froid, aujourd'hui je m'offre une petite marche digestive d'une à deux heures. Pas plus. À force de barboter tantôt dans les concepts philosophiques, tantôt dans la symbolique religieuse et théologique, tantôt dans des calculs de physique (pour compléter les fins de mois, je fais des enquêtes sur les flux énergétiques dans des entreprises pour l'ADEME), la tête finit par oublier le corps, les nerfs, les muscles et membres (qui restent). Et je finis par être comme ces dessins d'enfant qui croquent des personnages avec une grosse tête, des mains énormes et des pieds... sans tronc.

  • Bref, je m'empare d'une carte IGN au 1/25.000ème des alentours de Grenoble. La Chartreuse ? J'y suis toujours fourré. Le Vercors ? C'est un peu loin. Il n'y en a pas assez sur la carte. Bon, regardons à l'Est, vers la Chaîne de Belledonne. Oh ! Je repère un village du joli nom "Le Recoin" à 1650 m d'altitude, avec un petit sommet à 1880 m à côté. Cela me convient. 30 Km de voiture et hop, c'est parti. La route est belle, trop belle même pour un petit village de montagne. Mais rien ne m'étonne. Nous sommes à côté d'une métropole de 500.000 habitants. Un lac ici, une station thermale là, des cyclistes et des travaux...

J'arrive : aïe ! Ce n'est pas le nom du village que j'avais lu sur la carte, mais... la station de ski de Chamrousse ! Je me précipite sur la carte menteuse. Mais non, elle ne m'avait pas menti. L'énoncé "Commune de Chamrousse" est écrit en gros, en bleu clair et en arrondi, trop gros pour que je le vois. Tout dépend de l'échelle du regard ! (C'est valable dans d'autres doma ines). Le village "Le Recoin" n'est qu'un hameau de l'ensemble de la commune Chamrousse 1650 ! Contre mauvaise fortune, bon coeur. Je me gare sur un parking vide (il n'y a presque personne), je m'équipe et je pars pour deux petites heures. Me voici seul, avec mes deux cannes anglaises. Plusieurs chemins sont balisés. Je m'engage dans celui que j'estime se rendre vers l'Aiguille que j'avais repérée. Malheureusement, le chemin se perd dans l'alpage. La pente est un peu verticale. Il n'y a pas trop de végétation et le sol est couvert de fleurs. Cela ne me gène pas. Il ne faut pas dix minutes pour que tout le bavardage se taise sous le crâne.


2010-06-24-courbure négative Soudain, au bout d'une petite demi-heure, à l'approche d'un petit col ou plus exactement d'une forme à courbure négative, j'entends de la musique diffuse qui semble venir de derrière un mont. On dirait de l'accordéon ou de l'harmonica. Chouette, ai-je pensé, y aurait-il quelque musicien poète qui vient dans la montagne pour taquiner la muse ? La déception suit : oh la la, cela s'enchaîne trop bien, sans aucun silence, ni aucune hésitation, pour que ce soit un vrai musicien. C'est une radio. En effet, quelques secondes après, j'entends parler de vagues bleus qui ont le blues et qui s'envoient amicalement des fleurs et des caresses verbales dans un lointain pays du sud de l'Afrique, puis une invraisemblable histoire de femme de ministre des finances qui magouille avec une milliardaire (est-ce possible ?), puis d'un énigmatique employé d'une grande banque générale qui passe en procès pour avoir gaspillé quelques milliers, non millions, non milliards d'euros, puis d'un évanescent financier américain qui entre en prison après avoir roulé des milliers de gens pour quelques dizaines de milliards de dollars. Pas de doute : c'est la radio ! Elle tonitrue dans toute la montagne.


La source, je finis par la repérer : un 4x4 garé plus haut sur une colline, de l'autre côté du val où je me situe. Les portes et les fenêtres sont largement ouvertes. Il n'y a personne en vue.

 

Les informations terminées, la musique reprend et m'envoie un de ces délicieux petits clins d'oeil de la vie : ce sont des chansons de Théodore Bothrel, ce troubadour breton du début du siècle qui composa de nombreuses chansons de marin : la paimpolaise, brave marin, la mauvaise prière. Toutes des chansons de marin tristes, intenses, baignées d'horizon sans fin et d'amours blessés par la Mer et la mort. Mais pour moi, cela évoque bien autre chose. Toute notre enfance a été bercée par ces chansons que nous chantait mon père, des heures durant, pendant des voyages en voiture. Comment se fait-il qu'ici au dessus de Grenoble, en pleine montagne, loin de ma famille, loin de l'Océan, ces mélodies accompagnent ma promenade. L'imagination s'emplit de souvenirs et de nostalgie odorante et colorée.

  • J'ignore si vous êtes comme moi, mais je constate que la mémoire est compartimentée. Si je plonge dans les concepts philosophiques, les pensées me viennent et me viennent en un flot ininterrompu, les unes recouvrant les autres comme les vagues de la mer. Mais dès que je quitte cette plongée, tout se dissipe... et dans un autre contexte, je suis bien incapable de philosopher avec pertinence. Si je joue du piano, les harmonies, émotions et structures musicales s'enchevêtrent et s'organisent entre elles, telles des frises orientales sur une tapisserie. Je suis alors loin de patauger dans les concepts ou de songer à l'enfance. J'ai aussi toujours une place réservée à l'imaginaire et au rêve, car je fais partie des gens qui pensent que rêve et réalité ne s'opposent pas, mais se fécondent mutuellement.
  • Mais pour passer d'un compartiment à l'autre, j'ai toujours beaucoup de difficulté. Alors là, dans les alpages des Belledonnes, un cadeau m'est offert : celui de goûter des souvenirs d'enfance, la mer, ses ondulations et ses drames, à travers la musique, dans un environnement magique de montagne.

Toutefois, j'ai besoin de silence. Je finis par atteindre le petit sommet, toujours enveloppé des chansons de Bothrel. Je bascule du côté opposé du 4x4, me réfugie contre un rocher et le son de l'infini (c'est comme cela que j'appelle le silence) efface le son de la radio. Ouf !


2010-06-24-BelledonnesLa vue est splendide : toute la Chaîne de Chartreuse est déployée depuis la Grande Sûre (1800 m) jusqu'au Mont Granier (2000 m), en passant par Chamechaude, la Dent de Crolles, les Lances de Malissard, le Grand Som, tous au-dessus de 2000 m. En face, la vallée du Grésivaudan se découvre avec ses bourgs et le serpent autoroutier, à peine visible. À gauche, le Vercors. Mais la brume le cache. Sous le Vercors, Grenoble est paresseusement étalé. Je constate avec bonheur qu'aucun bruit ne me vient de la ville. Je suis trop haut et trop loin. À droite, la barrière des Belledonnes et derrière le Massif des Grandes Rousses. Mais les nuages les enveloppent : je sais qu'il y a des sommets cachés à plus de 3000 m. Certains de ces sommets sont accessibles depuis le lieu où je me trouve. Mais ce ne sera pas aujourd'hui : j'ai perdu l'entraînement et l'habitude. J'espère quand même en profiter dès que possible.

Derrière moi, il y a un rocher, et derrière le rocher une radio : non non, je ne l'entends plus... ce qui prouve que la théorie de la diffraction sonore a décidé de faire une exception cet après-midi, dans un petit coin de montagne.

  • Nota bene : à ceux qui s'inquiètent de ces balades en montagne, en raison d'antécédents familiaux, je dois rappeler plusieurs choses : d'abord, je m'équipe avec de bonnes chaussures. Ensuite j'ai 4 appuis : une jambe naturelle, une jambe artificielle et deux béquilles, ce qui donne une stabilité bien plus grande que les vulgaires bipèdes que vous êtes. Enfin, je suis en général les chemins balisés, quand ils sont bien visibles. Fin du nota bene.

Soudain un bruit de fond résonne à travers toutes les parois. Bon ! ON PEUT AVOIR UN PEU DE SILENCE DE TEMPS EN TEMPS ! Des mirages 2000 prennent la vallée du Grésivaudan à fond la caisse, en longeant la paroi des Belledonnes. Devant moi, volent des parapentes et même un planeur. À leur place, je ne serai pas rassuré ! Il doit y avoir un dieu pour les parapentistes, car je n'ai jamais encore entendu parler de l'un d'entre eux happé par un mirage 2000. Le grondement des réacteurs rebondira quelques secondes sur les falaises verticales granitiques.

  • Je resterais bien là haut tranquillement, mais d'une part, j'ai du travail, d'autre part, on a annoncé la possibilité d'orages. De fait, les nuages qui enveloppaient les Belledonnes sont désormais sur l'Aiguille où je suis. En dessous, je vois des groupes de jeunes collégiens qui descendent un chemin. Il ne faut pas tarder. Il m'est arrivé déjà deux ou trois fois de me faire piéger par l'orage... dont une fois où la foudre est tombée 15 mètres derrière moi, alors que je tenais un de mes enfants par la main !

Je descends donc rapidement à travers les alpages, sans prendre les chemins balisés. Je regarde la montagne : elle se fiche de moi. Les nuages sont partis et les sommets se dégagent.


À 200 mètres de la station de Chamrousse, je vois au loin le 4x4 descendre lui aussi à travers une route invisible. Nous allons arriver en même temps en bas. Nous nous croisons sur le parking : le conducteur, avec son chapeau sur la tête et ses yeux globuleux, n'a pas daigné répondre à mon regard ambivalent. La montagne qui chante l'océan est belle. La montagne en silence est encore plus belle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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Mardi 5 janvier 2010 2 05 /01 /2010 11:56

 

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Cette nuit, le sommeil n'est pas là. Je finis par me lever, m'habiller sans bruit et me glisser dehors. La température externe est aux alentours de -15°. Je saisis mes béquilles dans la voiture, ma toque en peau, un gros manteau, et je m'enfuis dans les rues du village. L'éclairage est faible, mais les reflets sur la glace et la neige le multiplient. Dans les Ardennes belges, beaucoup de villages sont à flanc de coteau. La pente est raide, glissante. Mais je sais où je désire me rendre. Là-bas, dans la forêt qui s'étend tout autour et qui appelle.

 

  • La petite route qui va vers la forêt grimpe assez fortement. La cloche de l'église sonne. Il doit être cinq heures du matin. Je dois surveiller chaque pas pour ne pas déraper. Les lumières du village dessinent des lignes et des cercles lumineux. L'éventail des couleurs tourne autour de l'orangé, et même la neige reflète ces teintes. Une petite averse de grésil tombe brutalement pendant quelques secondes. Elle est suivie de flocons. L'enchantement commence. Je m'éloigne du village. Les lumières cachent la nuit. C'est dommage. Je marche sur la glace qui craque parfois. Derrière, le jour artificiel des hommes. Devant, la nuit des collines ardennaises. Autour, les champs exhalent une lueur diffuse et graduelle qui disparaît sans horizon. Le chemin commence à redescendre. Il n'est plus goudronné. Les derniers lampadaires qui éclairent l'entrée d'une ferme basculent derrière l'horizon.

 

2010-01-01-Lesse Plus je m'éloigne des dernières habitations, mieux je me sens. La nuit et le silence doivent avoir envie de me parler. Bientôt, plus aucune lueur artificielle ne se manifeste, tandis que la neige redouble d'efforts pour illuminer l'obscurité de son indicible phosphorescence. Elle apaise mon pas. Marcher dans la neige est plus facile que sur le verglas, et si une des béquilles dérape, je suis tout de suite informé. Bonheur presque total. Quand je m'arrête, j'écoute. Enfin le silence ou plus exactement le seul son des flocons qui caressent le sol ! Eh oui, on les entend. Les yeux s'accoutument à la nuit. Les bavardages dans la tête s'éteignent. Seul demeure le bonheur d'exister, la joie d'être. Je mesure en cet instant, sans le formuler, la tromperie des mots, des masques et des convenances sociales... et peut-être aussi la difficulté de parler avec vérité et authenticité.


La forêt est enfin là, enfermée derrière des clôtures. Nouvelle obscurité. Il faut passer par dessus une série de barres de fer sensées empêcher le passage des chevreuils et des sangliers. Pour quelqu'un de normal, le franchissement est aisé. Pour un handicapé et ses béquilles, c'est plus funambulesque. Je finis à quatre pattes, les mains glacées, mais je passe. Une nouvelle vague de plénitude, teintée toutefois d'une légère appréhension, balaie mon âme. On entend quelques craquements de branches. Mais ils refusent de signaler quelle vie s'y cache. Je caresse l'espoir de croiser un sanglier ou une biche. Je n'en entendrai pas, ni n'en verrai. Pas un oiseau non plus ne chante. Le chemin bifurque plusieurs fois. Je les prends au hasard. Parfois le noir est tel que je ne vois presque plus le sol. Cependant les variances de teintes, même nocturnes, sont infinies. Naturellement, je bute sur une pierre et me retrouve les deux mains dans la neige. Pas grave, c'est reparti. Les perceptions s'affinent.

 

  • Tous mes sens sont à l'affût. Le froid essaie de glisser sur la peau, mais pas de chance pour lui, je suis bien couvert. J'ouvre la bouche pour laisser quelques flocons fondre sur la langue. Je me rends compte, ce n'est pas nouveau, que marcher dans une rue de ville ou dans un hypermarché efface la saisie immédiate, primordiale de la sensibilité, encourage le repli sur des désirs fétichistes et artificiels. Personnellement, cela me fatigue beaucoup et me stresse... alors qu'ici et maintenant sous les arbres, l'esprit et les sensations se dilatent à l'infini... ou à l'essentiel. Je pourrais marcher des heures. Les ombres sont nuancées selon les essences d'arbres, le découvert passager d'une futaie ou la distribution de la neige sur les taillis. On voit dans la nuit des choses qu'on ne verrait pas le jour. Le regard et l'écoute prennent le dessus sur la vision et l'intellect. Comme dans l'amitié, comme dans le partage du coeur, d'une étreinte ou celui d'une vibration musicale.

2010-01-01-babayaga

Soudain une lueur diffuse plus accentuée apparaît vers la gauche, devant, au sein de la forêt. Je suis plein d'espoir : y aurait-il une sorcière dans sa chaumière en train de mijoter un philtre d'amour ? Des elfes seraient-ils en train de danser dans une clairière ? Quelques esprits ont-ils l'intention de sortir de l'invisible pour partager une bonne bouteille de rosé autour d'un feu ? Chouette alors ! Le chemin semble tourner autour de la lumière laiteuse et se rapprocher. Mais la clarté reste toujours au-delà de quelques rideaux d'arbres. C'est vexant. Je croise un chemin un peu plus large, je décide de le prendre à gauche, plein sud. La mystérieuse luminosité a basculé à droite cette fois et elle continue à m'interpeller du coeur de la forêt. Je pense à une trouée où la Lune s'infiltrerait. Mais impossible, le ciel est couvert et le flux calme de la neige continue à descendre. Je ne saurai jamais d'où venaient ces lueurs.

 

  • Je marche encore longtemps dans les bois. La clarté du jour commence à poindre et à recouvrir l'espace. La forêt s'achève, le sentier s'élargit. Je repasse de nouvelles barres de fer. Celles-là, je les connais, je les ai déjà franchies une autre année. Le chemin redevient route et débouche après vingt minutes de marche sur le village du côté nord-ouest. J'étais parti vers le nord-est. Le charme est rompu, mais l'empreinte demeure. Je n'ai pas trop envie de parler et de retrouver les mondanités. La vérité va de nouveau se voiler dans les apparences, les masques, et les rêveries de l'artifice. Pour la trouver, ce sera plus dur.

 

Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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Jeudi 10 décembre 2009 4 10 /12 /2009 15:44
Il y a quelques jours, notre ami René s'est éteint à l'âge de 54 ans.

Il était atteint d'un cancer depuis 2005 et il a lutté contre lui avec des armes qui ne sont pas habituelles : les soins traditionnels bien sûr...; mais aussi et surtout l'amitié, une belle histoire d'amour, un choix conscient et volontaire de vivre pleinement ses derniers mois, et une transformation intérieure étonnante. Ces quatre dernières "thérapies" lui ont permis de prolonger de plusieurs années son espérance de vie, au grand étonnement des médecins dans leur diagnostic. Combien de fois ai-je entendu : "Oh, il n'en a plus que pour quelques semaines, pour quelques jours !"
  • Quelques semaines avant sa mort, il m'avait confié ce sentiment de dilatation personnelle qui s'accompagnait du sentiment d'être passé, avant sa maladie, à côté de soi.
Il est mort la veille (!) de la publication du livre qu'il a écrit et qui raconte son expérience.

livre de René-copie-2
L'illustration est de mon amie Catherine Hiboud
Voici ce qu'en dit son éditeur : "Voici le témoignage bouleversant et plein d’humanité d’un homme en pleine force de l’âge atteint d’un cancer avec de multiples métastases au pronostic des plus défavorables. Un dynamisme a surgi. Il est présent. Dans ce livre, il relate cette épreuve comme une nouvelle naissance. Elle peut servir pour d’autres… “17 décembre 2007 : Je ne sais pas comment faire. J’ai un cancer de l’intestin depuis janvier 2005 avec des métastases au poumon et au foie. Je n’ai pas beaucoup de temps à vivre me disent les médecins...” - Voici la première phrase que René Platel a prononcée en introduction de cette première consultation. Septembre 2009 : “Je suis toujours là et je me sens bien”. Que s’est-il passé entre ces deux dates ? Je dis souvent : pour s’améliorer et pourquoi pas guérir, il nous est proposé d’agir. René Platel a cherché et a agi. Il n’a pas attendu dans son coin. Il est allé visiter des contrées que le hasard lui a proposé de rencontrer. Il nous les offre ici. Il nous offre également son parcours et ses hésitations. Il parle de l’intérieur, de ce qu’il ressent tout au long de cette route chaotique et, ô combien initiatique. Pour moi, c’est un très bon exemple à suivre car il fait exactement ce qu’il est logique de faire aujourd’hui lorsqu’on est atteint de cette manière : cure médicale avec une équipe pluridisciplinaire, soutien psychologique, cure psychosomatique et traitements adjuvants comme l’homéopathie, entre autres. Mon expérience clinique m’autorise à dire que c’est actuellement la meilleure formule pour se donner un maximum de chances pour se sortir de ce mauvais pas. Son côté humaniste l’a poussé à écrire ce livre, pour lui bien sûr mais également pour ses collègues actuels de chimiothérapie et ceux que je ne connais pas. Cela peut les aider, j’en suis sûr !




Cette présentation de l'éditeur ne met peut-être pas suffisamment en valeur la qualité des relations humaines qu'il a vécues ces derniers mois, dont j'ai été un des témoins étonnés (faut bien vendre !). Mais elle est là, faites-moi confiance !

Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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Jeudi 30 juillet 2009 4 30 /07 /2009 15:15
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Cet été, j'entreprends d'escalader le plus possible de sommets de plus de 1800 mètres dans le Massif de la Chartreuse. J'ai un faible pour ce Massif, moins fréquenté que le Vercors ou les Bauges qui lui ressemblent, en raison de l'extraordinaire puissance de vie qu'il récèle : des sommets couverts de forêts, des myriades de fleurs au printemps, une faune encore sauvage et une histoire riche, bien que cachée. C'est vrai qu'il y pleut beaucoup (second lieu le plus arrosé de France, après les Vosges), mais c'est une pluie profonde, violente, souvent brève et imprévisible. Dent de l'Ours, au fond à gauche
  • Ce matin, je regarde la Dent de l'Ours à 1820 mètres d'altitude, au-dessus de Saint Pierre d'Entremont. La carte m'indique qu'il y a une route qui monte vers 1400 mètres. Calcul : deux heures de montée, deux heures de descente. C'est bien pour commencer.
  • J'arrive en voiture : zut, je me suis trompé. On ne peut se garer qu'à 1000 mètres. L'ascension sera plus longue et plus difficile.
Bon, contre mauvaise fortune (et peut-être aussi une insouciance de ma part), bon coeur. J'y vais quand même. Pendant plus d'une heure et demie, je chemine dans la forêt.
Le temps est à la pluie, mais les nuages se sont dissipés d'un seul coup. Merci l'atmosphère : au moins, avec toi, on ne peut pas se fier !

J'aperçois un panneau : Col du Fret, 120 lacets !
  • - Il est un fait étrange dans la marche en montagne. La première demi-heure, le corps est en forme, mais l'esprit est râleur et impatient : "quelle idée d'être venu là, j'ai mal estimé le trajet, il n'y a que des bois, on ne voit rien. Patatras si ça continue, je vais m'étaler dans la boue... Il en y a partout sur ce foutu chemin pas nettoyé !".
  • - Au bout d'un certain temps (variable sans doute selon les individus) il se produit l'inverse : je commence à fatiguer, m'essouffler, mais l'esprit et l'humeur montent et s'émerveillent : "Que la forêt est belle ! Et cette souche d'arbre suspendue au dessus du vide ! Oh, une magnifique clairière couverte de fleurs !"
Les 120 lacets, je vais les compter : c'est un excellent moyen de ne pas penser à son genou, à la prothèse qui frotte, aux premières ampoules qui, à défaut d'éclairer la route, gonflent dans la chaussure.

L'émerveillement s'amplifie quand j'accède aux alpages. Une explosion de couleurs et de mouvements tourbillonnants : des campanules, des oeillets, des épilobes, des bleuets, et au dessus des centaines de papillons aux dessins et aux teintes variées, qui jouent, se cachent, se balancent au vent.
  • Bien sûr en bon occidental qui rêve de saisir l'instant dans l'image, je saisis l'appareil photo et clic clac, je tente de capter l'insaisissable. Naturellement, je rate tous les plus beaux papillons qui font exprès de s'envoler à l'instant même où je les fixe.
    En voilà quand même quelques uns sur les photos ci-dessous :

Ah ! Ah ! Cherchez bien !!!



Les lacets ont commencé : la montée est raide. Jeu de l'Oie. Vers le 30ème lacet, la pente est acrobatique : je préfère marcher à 4 pattes, en lançant mes béquilles loin devant au fur et à mesure de la progression. Si je chute, c'est "retour à la case départ", ou "élimination".
Au 49ème lacet, je me casse la figure, roule dans l'herbe et redescends au 46ème -Reculez de trois cases-. Je pense m'arrêter au 60ème pour boire et me reposer, mais j'entrevois le sommet du Col. Je glisse encore deux ou trois fois, mais la pente est moins ardue, et quel plaisir de tomber au milieu des fleurs, s'allonger et regarder le ciel. Eh oui, c'est moi
  • - Arrivée au Col du Fret : 1750 mètres. Je n'ai compté que 105 lacets !
    La Dent de l'Ours est juste au dessus : Malheureusement, Pas un chemin ! Inaccessible ! Je n'aurais pas mon 1800 mètres aujourd'hui ! L'ours s'est caché. Peut-être y a-t-il un homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours !
  • - Ce n'est pas grave : la vue est exceptionnelle. Chaîne de Belledonne et Lances de Malissard à l'Est, Petit Som, Grande Sûre et plaines à l'ouest. Et au Sud, le Grand Som qui domine de ses 2000 mètres.
Petit Som et Grande Sûre, au fond

Il faut redescendre.
Quand on monte, le regard est tourné vers le haut et le sol. Quand on descend, le regard se porte vers le bas et le ciel. Étrange configuration du corps et retournement de la perception.

Papillons et fleurs, toujours.

UNE SURPRISE M'ATTEND.
Je n'ai pas vu l'ours ?


LA NATURE RÉSERVE TOUJOURS DE L'IMPRÉVU !

Fatigué, je m'arrête sous un arbre pour boire et écrire quelque méditation :
Des papillons, des papillons, des papillons...
- Un premier papillon, puis un second, puis un troisième, viennent se poser sur ma chaussure et sur mon pied.

Curiosité : mais non, pas de pollen ! - D'autres me tournent autour : l'un essaie de fouiller mon sac... Mais non, il n'y a pas de fleurs ici : elles sont protégées par les responsables du Parc Régional de Chartreuse.

- Un autre se pose sur mon doigt et désire lire ce que j'écris sur la fiche (image ci-dessous) -
(c'est une méditation sur la relation entre les "entités actuelles" et les "objets éternels", ou "formes potentielles" dans la pensée de Whitehead : drôles d'idées pour une balade en montagne , n'est-ce pas ?).
Non, non, vous ne lirez pas ! Je pixélise, , tralala !
Ma réflexion est réservée à mon ami papillon et un de mes cours ou écrits futurs :


J'ai dû rester une bonne heure en compagnie de mes amis volants. Tant que j'ai désiré les capturer dans la machine à images, au milieu des fleurs, ils s'échappaient ! Quand je les ai laissés venir auprès de moi, ils m'ont apporté l'amitié et la gratuité de la nature : "animus et anima".



Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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Vendredi 3 juillet 2009 5 03 /07 /2009 11:00


La

vie
est
toujours
l'occasion
de
s'étonner !

(mais il ne faut pas la laisser s'échapper)





Voici quelques branches couvertes de groseilles,
avant que je ne les cueille pour des confitures...
Branches rouges
Même les araignées les adorent !
Groseilles sur toile


PS. Pourquoi Le Quesnoy : allusion à un célèbre film tourné à Lille des années 80.
Par Nicorazon - Publié dans : Buissonnement de la vie
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